Après l'élection de Sarkozy09/05/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/05/une2023.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Après l'élection de Sarkozy

Les classes populaires vont donc subir pendant les cinq prochaines années la présidence de Nicolas Sarkozy, et des gouvernements dont la politique sociale sera dans la continuité de celle des gouvernements que nous connaissions depuis cinq ans et qui étaient parmi les plus réactionnaires et antiouvriers depuis longtemps.

Bien sûr, le programme de Ségolène Royal n'aurait rien changé aux problèmes fondamentaux, la baisse du pouvoir d'achat, le chômage et la disparition du logement populaire. Si Ségolène Royal avait été élue, elle n'aurait peut-être pas eu la même attitude arrogante vis-à-vis des travailleurs et aurait évité, au moins dans la forme, les mesures en faveur des privilégiés qui auraient pu apparaître trop provocantes. Mais faute de vouloir limiter, même un peu, la puissance absolue du grand patronat, elle n'aurait pas pu apporter de réponse aux problèmes les plus graves qui accablent, aujourd'hui, les classes populaires et une grande partie de la société.

Mais Sarkozy, non seulement ne changera rien à ces problèmes, mais il aggravera dans bien des domaines la vie quotidienne. Il ne s'en est pas caché. À ceux qui auront besoin d'une augmentation de salaire, il répond déjà, en substance, qu'ils n'ont qu'à se lever plus tôt et travailler plus.

Aux sans-logis ou aux mal-logés, il n'offre rien, pas même de bonnes paroles. Le ruisseau sera assez bon pour eux ! Car la croissance, quand il en parle, ce n'est pas pour eux, c'est à leur détriment.

Il veut limiter le droit de grève, avant de l'interdire si on le laisse faire, en commençant par les travailleurs des services publics.

Quant au chômage, non seulement il n'envisage rien de sérieux pour le réduire, à part, comme pour tout le reste, faire la chasse à ceux qu'il appelle des faux chômeurs ou des faux malades. En supprimant les charges sociales sur les heures supplémentaires, comme il en a l'intention, il incitera les patrons, plutôt que d'embaucher, à user à mort leur personnel au travail.

Sarkozy a annoncé sa volonté de diminuer le nombre de travailleurs des services publics, en n'en remplaçant qu'un sur deux qui partiront en retraite. Cela désorganisera encore plus les services publics, aggravera la situation dans les hôpitaux, à l'Éducation nationale et dans les transports publics.

Il continuera l'attaque sur les retraites des salariés, commencée par Balladur et continuée par Raffarin qui avaient allongé la durée de cotisation de 37 ans et demi à 40 ans, le premier pour le privé, le second pour la Fonction publique. Sarkozy, lui, veut s'attaquer maintenant aux dernières catégories de travailleurs, ceux qui bénéficient de régimes spéciaux, pour qui cela n'avait pas encore été fait.

Toute sa politique visera à favoriser la bourgeoisie, en particulier la plus grande, au détriment des classes populaires. Il a programmé une réduction de 5 % supplémentaire de l'impôt sur les bénéfices des sociétés, un plafonnement à 50 % de l'impôt sur le revenu des contribuables les plus riches et la réduction de l'impôt sur les successions.

Le monde du travail ne doit cependant pas baisser la tête, car cette élection n'est pas une catastrophe. Même si Ségolène Royal avait été élue, nous aurions dû entrer en lutte, et des luttes sérieuses, importantes et déterminées, pour que les choses changent ne serait-ce qu'un peu pour nous.

Avec Sarkozy, il en ira de même et les luttes devront être les mêmes, aussi déterminées mais pas plus.

Tout dépend du monde du travail, de sa détermination et de la conscience qu'il aura que le bulletin de vote n'est qu'un chiffon de papier et que seules les luttes peuvent payer. Les principales luttes qui se sont déroulées depuis des dizaines d'années l'ont été dans des situations où la droite était au pouvoir.

Alors, ne soyons pas abattus. L'avenir de la société et le progrès social dépendent des travailleurs et sont entre leurs mains. Tout dépend donc de nous tous !

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 8 mai

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