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Dans les entreprises
EDF et les suicides dans une centrale nucléaire : Pour échapper au sale boulot
Après une " mission d'écoute et de compréhension " de la part d'EDF, suite à quatre suicides en deux ans de salariés de la centrale nucléaire de Chinon, un " observatoire national de la qualité de la vie au travail " ainsi qu'un numéro Vert sont prévus. Le Technocentre Renault de Guyancourt a connu lui aussi une série de suicides qui a entraîné un " plan d'action " de la direction. Deux réactions semblables des patrons, à peu près aussi inefficaces l'une que l'autre.
L'un des suicides de Chinon, celui d'un technicien supérieur, a été reconnu par la Caisse primaire d'assurance-maladie comme " maladie professionnelle ", ce qu'EDF conteste, au motif que cet agent avait aussi des ennuis personnels.
Sans doute, dans les suicides, des causes personnelles s'ajoutent souvent aux problèmes dus aux conditions de travail. L'ennui pour EDF, dans les cas de Chinon, c'est que des syndicalistes avaient dénoncé la surcharge de travail. Au moins un des médecins de l'établissement avait adressé à la direction une " alerte de risque psychosocial " et, dans le cas de l'un des employés qui allaient se suicider, un avis de " dépression réactionnelle professionnelle ".
Si médecins et syndicalistes ont vu venir le drame, pourquoi la direction est-elle restée sourde et aveugle ?
Les causes du stress au travail sont connues et ont été largement décrites par des syndicalistes, des médecins, des journalistes. Il y a certes la surcharge de travail, les heures supplémentaires (c'était le cas à Chinon). Mais il y a aussi quelque chose de plus profond.
Il y a quelques années, les employés d'EDF et GDF avaient comme priorité le travail bien fait, quitte à y passer le temps qu'il fallait.
Aujourd'hui c'est de plus en plus remplacé par le " vite fait, mal fait ".
Et cela du haut jusqu'en bas, du cadre au simple agent.
Des milliers de salariés d'EDF sont quotidiennement obligés d'accomplir des tâches stupides, ridicules et contraires à l'intérêt du public. Cela au nom de la concurrence et de la recherche du profit. Beaucoup se disent dégoûtés par ce qu'on leur fait faire. Dévaloriser le travail, être obligé d'effectuer un " sale boulot ", cela donne l'impression de se dévaloriser soi-même. Cela peut contribuer à pousser certains au désespoir
Ce n'est pas la compassion qui motive EDF quand elle se soucie du problème. Mais si, dans une centrale nucléaire, du personnel d'encadrement en vient à se suicider, c'est évidemment gênant pour son image. Or il ne suffira pas de prévoir un numéro Vert pour prévenir les suicides, alors que le problème serait de modifier toute l'organisation du travail.