Extraits du discours d'Arlette Laguiller au Zénith.19/04/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/04/une2020.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Extraits du discours d'Arlette Laguiller au Zénith.

Travailleuses, travailleurs, camarades et amis,.

Il serait possible de préserver les travailleurs et l'ensemble de la société de trois catastrophes majeures, qui sont le chômage massif, la crise du logement et la dégradation du niveau de vie de la plus grande partie de la population ! (...).

Quand j'ai avancé ces mesures pour la première fois, lors de l'élection présidentielle de 1995, il y a douze ans déjà, alors que la crise n'était pas encore si grave, j'étais bien seule à en populariser l'idée. Certaines d'entre elles sont reprises aujourd'hui par d'autres candidats d'extrême gauche, mais elles ne le sont pas, et je ne m'en étonne pas, par ceux qui ont une chance d'arriver au pouvoir. (...) Dès que j'ai avancé ce programme de défense des travailleurs, à l'époque sous le nom de " programme d'urgence " ou de " plan d'urgence ", j'ai dit qu'on ne pouvait compter ni sur la droite, ouvertement au service du grand patronat, ni sur la gauche, hypocritement servile envers lui.

Des mesures indispensables pour les travailleurs.

Il aurait fallu que ces mesures indispensables pour les travailleurs soient imposées, aussi bien au gouvernement qu'au grand patronat, par un puissant mouvement social susceptible de les faire reculer. Faut-il rappeler qu'en 1936 comme en 1968 ce sont les luttes sociales, les grèves, les occupations d'usines qui ont contraint le gouvernement en place à prendre des mesures qui reprenaient quelques-unes des revendications ouvrières, tout en les modérant, voire en les détournant ? En 1936, c'est un gouvernement de gauche, celui du Front populaire, qui dut s'exécuter. En 1968, ça a été un gouvernement de droite, sous la présidence de De Gaulle, un général réactionnaire !

Aucun mouvement de même ampleur ne s'est produit au cours des récentes années, même si 1995, l'année de la présidentielle précisément, s'est terminée sur la grève des cheminots, entraînant une partie des travailleurs de la Fonction publique. Assez puissant pour stopper momentanément l'attaque de Juppé contre les retraites dans la Fonction publique, le mouvement n'a pas été assez large pour stopper l'offensive du patronat et du gouvernement sur d'autres terrains. (...).

Les gouvernements, ceux de droite bien sûr mais aussi le gouvernement de la Gauche plurielle dirigé par Jospin de 1997 à 2002, dont ont fait partie Dominique Voynet et Marie-George Buffet, ont exécuté servilement les exigences du grand patronat : la dégradation de tous les services publics, dont les plus rentables ont été livrés au privé, la flexibilité du travail, la généralisation des contrats précaires. Il y a eu d'innombrables autres mesures touchant l'ensemble des travailleurs ou telle ou telle catégorie, souvent parmi les plus fragiles et qui avaient le plus de mal à se défendre. (...).

Cette dégradation dans tous les domaines ne peut pas, ne doit pas se poursuivre indéfiniment ! Tôt ou tard, la colère éclatera et provoquera un mouvement revendicatif vaste, puissant, englobant tout le monde du travail. Et c'est pourquoi il est important que ce mouvement ne se trompe pas d'objectifs et ne prenne pas l'accessoire pour l'essentiel. Et c'est l'un des buts de ma campagne.

Le programme sur lequel je demande aux électeurs populaires de se prononcer en votant pour ma candidature est un programme de défense des travailleurs pour empêcher qu'une fraction croissante de la principale classe productive de la société soit de plus en plus poussée vers la misère. (...).

" Prendre sur le profit " signifie simplement qu'on contraigne les plus riches à participer à l'effort nécessaire pour faire face à la crise sociale dramatique que représentent le chômage de masse, les bas salaires et la situation du logement populaire. (...).

Imposer le contrôle sur les entreprises.

" L'État, c'est moi ", affirmait en son temps Louis XIV. La guillotine qui coupa la tête d'un de ses successeurs allait montrer les limites historiques de cette prétention.

Mais aujourd'hui, chaque patron déclare : " L'entreprise, c'est moi ". Mais si l'entreprise est créatrice de richesses, comme aiment à nous le rappeler les économistes - en général pour nier les droits des travailleurs -, ce n'est pas grâce aux propriétaires, mais grâce à ceux qui y travaillent, grâce à ceux qui font tourner les chaînes de l'industrie automobile, qui font couler le béton pour les constructions, grâce aux manoeuvres ou aux chercheurs, grâce aux caissières de supermarchés et aux employés des banques.

C'est pour cela qu'un programme de défense des travailleurs signifie nécessairement qu'il faut que les travailleurs, les salariés en général, puissent contrôler ce qui se passe dans leur propre entreprise, celle dont ils assurent collectivement le fonctionnement. Et étant donné l'importance sociale de certaines entreprises, qui jouent un rôle majeur dans l'économie, il faut que les consommateurs, que la population participent à ce contrôle et aient accès à toutes les informations concernant ces entreprises.

La première mesure à prendre pour permettre un tel contrôle est donc de supprimer les lois sur le secret commercial, bancaire et industriel. Que les employés, les comptables, les secrétaires, les ouvriers, les magasiniers puissent dire si ce que les dirigeants des entreprises déclarent est vrai ou faux et qu'ils puissent vérifier si ce qu'on leur fait faire dans leurs entreprises correspond bien à ce qui est utile à la société. (...) Le contrôle exige aussi qu'on puisse rendre publics, c'est-à-dire accessibles à tous, les revenus, les avoirs et les biens de tous les grands patrons, de leurs alliés, de leurs hommes de paille. Le contrôle est indispensable pour pouvoir imposer au patronat les mesures d'urgence destinées à résorber le chômage.

Ce n'est ni exproprier, ni nationaliser les entreprises privées, mais simplement les rendre transparentes en permanence pour la population.

Votez pour le camp des travailleurs.

C'est en brandissant conjointement le " danger Le Pen " et la nécessité de battre Sarkozy que le PS en appelle au vote prétendument utile, c'est-à-dire au vote en faveur de Ségolène Royal dès le premier tour. En somme, dans le langage des dirigeants du PS, vaincre la droite et l'extrême droite c'est faire taire tout ce qui est sur la gauche du PS, l'extrême gauche bien sûr, mais même l'allié de demain, le PC.

Eh bien non, il faut que l'opposition à la politique de Ségolène Royal ne vienne pas seulement de sa droite, mais aussi de sa gauche. Il faut surtout que se manifeste dans cette élection un courant qui n'abdique pas devant le camp patronal, représenté aussi bien par Sarkozy, Bayrou que par Royal. (...).

C'est tout le fonctionnement de l'économie qu'il faut changer radicalement. Cette économie où on produit en fonction du profit est une économie folle, une économie où c'est le marché aveugle et stupide qui commande, et pas la conscience des hommes. Une économie qui reproduit sans cesse l'inégalité sociale, en creusant en même temps l'écart entre un petit nombre de pays industriels et le reste du monde, condamné à la pauvreté.

Notre conviction est que l'avenir appartient à une organisation sociale différente de celle d'aujourd'hui, sans exploiteurs, sans exploités et sans exploitation, où la production et la répartition seraient organisées non pas en fonction des espoirs de profits de quelques-uns, mais en fonction de la satisfaction des besoins de tous.

Mais aujourd'hui il ne s'agit que d'une élection, qui n'a pas le pouvoir ou la possibilité de changer les structures de la société. Il ne s'agit pas d'agir, mais d'exprimer une opinion. Il ne s'agit pas de se prononcer sur l'avenir de la société, mais sur l'urgence immédiate, sur un programme de survie du monde du travail.

C'est sur ce programme que je demande aux électeurs de se prononcer en votant pour ma candidature !

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