Côte-d'Ivoire : Le compromis du " dialogue direct "19/04/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/04/une2020.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Côte-d'Ivoire : Le compromis du " dialogue direct "

Le 16 avril, le président Laurent Gbagbo a officiellement annoncé la fin de la guerre civile en Côte-d'Ivoire et la prochaine réunification du pays, après le démantèlement de la zone dite " de confiance ". Cette zone tampon, mise en place par l'ONU en 2002, séparait le pays le pays en deux zones, le sud étant sous le contrôle du gouvernement Gbagbo tandis que les troupes rebelles de Guillaume Soro occupaient le nord.

Cela fait suite à l'accord paraphé le 4 mars dernier par les deux principaux protagonistes de la crise ivoirienne, le président Laurent Gbagbo et le représentant de la rébellion, Guillaume Soro, appelé " accord de Ouagadougou. ". À propos de cet accord, nous publions ci-dessous des extraits d'un article du mensuel trotskyste Le pouvoir aux travailleurs, publié par l'UATCI (Union africaine des travailleurs communistes internationalistes), paru dans le numéro du 20 mars.

" Les deux protagonistes et leur entourage crient sur tous les toits que c'est cet accord qui sortira le pays du gouffre dans lequel ils l'ont plongé depuis près de cinq ans. Mais en quoi réellement cet accord est-il différent des précédents, au nombre de douze, signés depuis le début de cette crise armée ? En effet, rien de particulier. Cet accord a repris tous les points essentiels des autres accords depuis Marcoussis, en passant par Accra et Pretoria, jusqu'aux deux dernières résolutions. (...).

Gbagbo et ses partisans présentent le nouvel accord comme une victoire sur la " communauté internationale ". Ils se vantent d'avoir pu trouver une issue à la crise, alors que les grandes puissances faisaient preuve d'une certaine impuissance à trouver une solution. Ils présentent celles-ci, et particulièrement la France, comme ayant été opposées à la réconciliation et à la réunification sous l'égide de Gbagbo. En réalité, cela relève de la propagande bon marché car, avec Gbagbo ou avec un autre, ce qui compte pour les grandes puissances, c'est le retour à la paix et à la stabilité dans cette région, pour que les affaires reprennent comme avant.

Quant à Guillaume Soro, qui crie sur tous les toits qu'il " sera un Premier ministre difficile à manipuler ", cet accord lui permet tout simplement d'arriver à la mangeoire. Il pourra demain, en tant que Premier ministre, placer plus de gens de son entourage à des postes juteux. Depuis longtemps ils ont renoncé à leur soi-disant lutte contre la ségrégation dont sont victimes les personnes originaires du Nord, raison pour laquelle ils ont pris les armes, selon eux. La perspective actuelle de pouvoir être associés à l'exercice du pouvoir central et accéder à l'enrichissement personnel semble constituer un argument de poids pour leur virage actuel.

Toutes ces tractations permettent aux deux camps de gagner du temps et d'être toujours aux commandes des affaires dans leur zone respective. (...) Pour le moment, tout semble baigner dans l'huile, en théorie du moins. Rien ne dit que dans son application, à part le partage des postes pour la mangeoire, ils s'accorderont sur les autres points. Le passé a montré leur roublardise, l'avenir montrera s'ils sont capables d'un minimum de responsabilité par rapport à leurs propres engagements sur le papier. "

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