Chausson-Outillage - Reims : À la merci des requins-repreneurs.19/04/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/04/une2020.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chausson-Outillage - Reims : À la merci des requins-repreneurs.

Le lundi 16 avril, les travailleurs de Chausson Outillage ont eu une nouvelle fois rendez-vous au tribunal de commerce de Reims qui doit décider du sort de l'entreprise et de ses 182 emplois.

L'usine, implantée à Reims dans les années 1960, a compté jusqu'à 450 salariés, pour en conserver aujourd'hui moins de 200. C'est une entreprise au travail très qualifié, qui met au point des outils de presse ou d'emboutissage qui sont ensuite montés sur des chaînes de l'automobile.

Cela fait des mois que les salariés vivent dans un climat d'incertitude totale. Dans les ateliers, les périodes de sous-activité se sont succédé et les retards de versement des salaires se sont accumulés. La Cofras, qui fut un temps le principal donneur d'ordres, a tout bonnement disparu de la circulation, tout comme le groupe Magnetto, qui lui aussi s'est retiré en emportant une partie du carnet de commandes.

Pour beaucoup, les choses ont commencé à mal tourner à partir du moment où Renault a décidé de se séparer de l'entreprise en 1999. Tout porte donc à croire, et c'est le sentiment des travailleurs de Chausson, que la disparition de leurs emplois a en fait été programmée depuis des années. Renault et PSA (qui, lui, n'est plus actionnaire de l'entreprise depuis la fin des années 1980) refusent aujourd'hui encore de payer des factures qu'ils doivent à Chausson, ce qui permettrait d'assurer un nouveau mois de salaire. Ce sont les AGS (Assurances générales sur les salaires) qui assurent donc les paies.

Pour l'instant, le repreneur qui s'est présenté est une holding indienne qui reprendrait l'entreprise au dixième de sa valeur, murs et machines compris. Il a déjà annoncé qu'il ne garderait au mieux que la moitié des travailleurs, remettrait en cause tous les accords d'entreprise et n'hésiterait pas à licencier tous les militants syndicaux pour avoir le champ libre.

Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que des salariés préfèrent être licenciés tout de suite plutôt que de l'être dans quelques mois, dans des conditions encore plus mauvaises. Car quel avenir pourrait avoir l'usine, quand le plan de reprise annonce par avance la vente de onze des principales machines ?

Un délai supplémentaire de quinze jours a été accordé par le tribunal, comme si dans ce laps de temps un nouveau repreneur, sérieux celui-là, pouvait se faire connaître. En fait, tout s'est passé de la façon la plus cynique qui soit pour faire oublier les premiers et principaux responsables de cette situation désastreuse, Renault et Peugeot, deux grands groupes automobiles qui se sont éclipsés en mettant sur le devant de la scène de véritables requins, qui à leur place ont fait le sale boulot.

Alors, ne serait-il pas normal que Renault et Peugeot soient aujourd'hui contraints de garantir l'emploi de ceux qui, des années durant, ont fait leurs profits ?

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