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Leur société
Rachats successifs de la Saur : L'eau livrée à la spéculation
La Saur, troisième entreprise privée française dans le secteur de l'eau, vient à nouveau de changer de mains. Selon la presse financière, le vendeur et le repreneur seraient tous les deux gagnants dans cette opération : le fonds d'investissements PAI Partners en retire un prix extrêmement avantageux tandis que l'acheteur, l'entreprise Séché spécialisée jusqu'alors dans les déchets, pénètre avec la Saur dans le marché de l'eau. Mais ni les 12 700 personnes salariées de la Saur à travers le monde, ni le service de l'eau ne sont gagnants à ce genre d'opération.
Venant loin derrière Suez-Lyonnaise des eaux et Veolia environnement (ex-Vivendi), la Saur s'est surtout attaquée aux zones rurales signant 5 700 contrats avec des regroupements de communes qui lui permettent de prélever les factures d'eau auprès de 5,5 millions d'habitants. Il s'y ajoute un millier de contrats d'enlèvement d'ordures ménagères, concernant plus de cinq millions d'habitants. La Saur s'occupe également d'installations de traitement de l'eau ainsi que de stations d'épuration des eaux usées, toutes financées avec de l'argent public.
Cette manne a profité un temps à Bouygues, qui a fait main basse sur la Saur en 1984 et l'a revendue dix ans plus tard, pour un million d'euros à un fonds d'investissement, PAI Partners, dont l'un des gestionnaires est Jean d'Arthuys, lié à la chaîne de télévision M6 et au club de football des Girondins de Bordeaux. Selon le ministère des Finances, PAI est " une société d'investissement qui détient des participations (...) dans des entreprises de différents secteurs d'activité (textile, publication médicale, viande fraîche, pâtes sèches, machines à café, alimentation animale, produits frais, revêtements de sols, emballages métalliques). " Conformément à la règle, précise le ministère, " des informations relatives au secret des affaires ont été occultées ".
Derrière ce secret, la spéculation s'en est donné à coeur joie puisqu'un autre fonds d'investissement, mené par une banque australienne, aurait, selon Le Figaro, proposé de racheter la Saur pour 2,3 milliards d'euros, plus de deux fois son prix d'il y a deux ans. Finalement, des négociations, elles aussi secrètes, ont abouti à la vente au profit d'un autre acheteur, pour un prix moins élevé, mais qui laisse tout de même à PAI une plus-value d'au moins 700 millions d'euros, sans compter la dette que PAI a laissée à la charge de la Saur (et par conséquent des futures factures d'eau).
Le secret des affaires et la fluidité incontrôlée des capitaux favorisent les opérations spéculatives. L'usager n'est pas mieux servi. Mais il en paye la facture.