Pour Sarkozy, la solidarité est un délit29/03/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2017.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pour Sarkozy, la solidarité est un délit

L'interpellation devant une école maternelle du 19e arrondissement de Paris, le 20 mars dernier, d'un grand-père chinois sans papiers venu chercher ses petits-enfants a indigné des parents, des enseignants et la directrice de l'école, qui n'ont pas voulu rester sans intervenir. De même, l'expulsion de vingt-trois travailleurs maliens à Montfort-sur-Meu, en Ille-et-Vilaine, a entraîné une mobilisation de la population choquée par l'attitude de la police et de la justice envers ces travailleurs connus et appréciés de tous. Les rafles dans les quartiers du nord-est de Paris en janvier dernier, ou encore les tentatives d'expulsion en décembre 2006, à Saint-Brieuc, d'une mère de famille et de ses deux enfants ont également entraîné des réactions.

Mais cette attitude de solidarité dont on ne peut que se réjouir est condamnée fermement par le gouvernement, comme le montre l'attitude de la police à l'égard de la directrice de l'école de la rue Rampal, placée en garde à vue pour un soi-disant outrage à agent, et l'attitude de Nicolas Sarkozy, alors encore ministre de l'Intérieur, qui a défendu la police.

Les parents d'élèves, qui soutenaient la directrice, se sont indignés à juste titre que leur réaction ait pu être " assimilée au comportement d'un "groupe organisé" fauteur de troubles ".

Fauteur de troubles ? Que des voisins, des enseignants, des parents ou des commerçants cherchent à intervenir quand ils ont le sentiment qu'une injustice est en train de se commettre est donc, d'après Sarkozy, un délit.

Ils n'ont pourtant fait qu'exercer le droit démocratique de manifester leur désaccord. Et c'est tout à leur honneur. Mais pour le gouvernement, apparemment, ce droit doit se limiter à voter tous les cinq ans pour des politiciens à qui il faut ensuite les mains libres, et qu'on ne peut pas révoquer même lorsqu'ils ne tiennent pas les promesses pour lesquelles ils ont été élus.

Dans une " démocratie "ainsi conçue, la police, la justice, l'armée peuvent agir sans aucun contrôle de la population. Leurs membres n'ont de comptes à rendre qu'à des gens placés au-dessus d'eux, qui ne sont jamais élus et jamais révocables. Qui élit un chef de police, qui élit un magistrat ? Ces piliers de l'État sont au-dessus de la population, de la part de laquelle ils refusent tout contrôle, soutenus en cela par tous les politiciens dits " responsables ".

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