Arkéva et Areva Jarrie : L'amiante : une catastrophe sanitaire et un crime patronal29/03/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2017.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Arkéva et Areva Jarrie : L'amiante : une catastrophe sanitaire et un crime patronal

Les entreprises chimiques d'Arkéma (ex-Atofina) et d'Areva (ex-Cézus filiale de Framatome), à Jarrie près de Grenoble, ont massivement employé l'amiante sans protection individuelle ni collective et sans que les travailleurs soient avertis des dangers de cette fibre. Aujourd'hui, d'après les chiffres communiqués par le Comité action prévenir et réparer CGT (Caper Sud-Isère), vingt-trois salariés sont décédés, vingt retraités sont atteints d'une pathologie liée à l'amiante à Arkéma et cinq sur Areva. Cette liste n'est pas exhaustive puisque le temps de latence des pathologies liées à l'amiante va de dix à quarante ans.

À ce jour, la direction d'Arkéma Jarrie a été condamnée 14 fois pour faute inexcusable par le tribunal des affaires de Sécurité Sociale de Grenoble.

André, 63 ans, a été le premier ouvrier à attaquer la société Cézus et il l'a fait condamner pour faute inexcusable. Il a aujourd'hui perdu 30 % de ses capacités pulmonaires. Selon des extraits de son témoignage au tribunal, il raconte que, dans les années 1966-1970, le travail consistait au montage des fours dont ils habillaient le fond avec des tissus d'amiante et ajoute : " Lors du défournement, une partie du magnésium brûlait, ce qui décomposait les tissus d'amiante en poussières (fibres) avec une fumée blanchâtre. Ces émanations se répandaient dans l'atelier. Le nettoyage des fours se faisait à la spatule, le nettoyage autour des fours se faisait au balai. Les déchets étaient brûlés dans une gamelle. Un aspirateur captait en partie ces fumées. Le magnésium auquel étaient mélangés les résidus des tissus d'amiante était cassé au marteau-piqueur pneumatique. Lors du travail aux fours, nous portions des combinaisons, des gants recouverts de tissus d'amiante et des cagoules en tissu d'amiante. " Puis dans les années 1990, ils manipulaient des joints d'amiante, calorifugeaient des vannes avec des tissus d'amiante, préparaient des bandes de tissu d'amiante pour l'habillage des trépieds des fours.

André, qui a entamé son combat dès la découverte de sa maladie, en 1992, a d'abord été débouté. Il lui a fallu, à partir de 2000, six ans de procédure judiciaire et un procès en appel pour avoir gain de cause et obtenir en tout 45 500 euros de dédommagement.

Seuls quatre sites d'Arkéma sur les vingt-un en France ont été reconnus " amiantés ", dont celui de Fos-sur-Mer, car il a été producteur de cette fibre. Par contre, les sites utilisateurs ne sont pas reconnus, c'est le cas à Arkéma Jarrie. On découvre, en lisant la revue La Nouvelle Vie ouvrière du 16 février dernier, qu'Arkéma préconise la contestation systématique des demandes de réparation des salariés de son groupe et étudie toutes les procédures lui permettant de gagner du temps pour ne pas avoir trop d'indemnités à verser. Par exemple, étant donné que la CPAM (Caisse primaire d'assurance-maladie) informe l'entreprise par simple lettre lors d'une déclaration de maladie professionnelle, l'absence de recommandé avec accusé de réception permet à Arkéma de contester la déclaration.

Aujourd'hui, le problème de l'amiante continue à se poser : il reste de l'amiante un peu partout, et dans les grandes entreprises qui prétendent aujourd'hui n'avoir plus d'amiante friable, les travailleurs sont loin d'en avoir la garantie et doivent rester mobilisés... car elles sont prêtes à tous les coups bas pour ne pas reconnaître leurs responsabilités dans ce crime patronal.

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