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- Lutte ouvrière n°2017
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Dans les entreprises
Arkéma - Pierre-Bénite (Rhône) : 240 emplois supprimés
La direction d'Arkéma a annoncé jeudi 22 mars son intention de supprimer " 226 emplois équivalents temps plein " sur 574 sur son site de Pierre-Bénite (près de Lyon). Dans la pratique, c'est entre 240 et 250 travailleurs dont l'emploi est menacé, presque la moitié des effectifs actuels, non compris le Centre de recherche, qui n'est pas touché actuellement !
En outre, certaines productions sont vendues à d'autres groupes chimiques, ce qui concernerait vingt travailleurs. Eux conserveraient leur emploi, mais on peut craindre que ce ne soit que très provisoire. Car les installations concernées sont obsolètes et l'acquéreur possède déjà ce genre de fabrication. Enfin, il faut ajouter probablement plus de 100 salariés d'entreprises sous-traitantes qui risquent aussi de faire les frais de cette restructuration.
Cette nouvelle est d'autant plus révoltante qu'elle arrive une semaine à peine après l'annonce d'un bénéfice net de 45 millions d'euros. Ces résultats, qui d'après les propres dires de la direction " dépassent les prévisions ", montrent que non seulement l'entreprise n'est pas en difficulté, mais qu'elle a au contraire, toujours selon elle, " opéré un redressement spectaculaire ". Mais ce n'est pas assez à ses yeux, l'objectif ouvertement proclamé étant d'aboutir d'ici à 2008 à un taux de rentabilité de 12 %.
Des rumeurs de restructuration circulaient déjà dans l'entreprise depuis plusieurs semaines et l'inquiétude était générale. Aujourd'hui, c'est la colère qui prévaut. Les travailleurs sont choqués par le cynisme de la direction, qui met dehors les travailleurs alors qu'elle fait des bénéfices. Choqués par la rapidité de la restructuration : tout doit se faire avant la fin de l'année. Choqués par l'intention de la direction de faire raser immédiatement les bâtiments qui ne seront plus utilisés.
Dès lundi 26 mars, les travailleurs ont donc mis en arrêt total les fabrications. Une assemblée générale l'après-midi a réuni plus de 300 personnes, dont une grande partie de travailleurs en journée. Et dès le lendemain, l'occupation de l'usine a été décidée.
Rien ne justifie ces suppressions d'emplois, rien d'autre que la volonté des dirigeants d'Arkéma d'augmenter un peu plus les dividendes distribués aux actionnaires. Mais la responsabilité de Total est aussi pleinement engagée, même si Arkéma ne fait plus partie du groupe. C'est uniquement pour augmenter des bénéfices déjà fabuleux que Total s'est séparé de ses activités chimiques. Et Total continue aujourd'hui de s'enrichir au détriment d'Arkéma en lui vendant des matières premières au prix du marché.
Alors, les travailleurs d'Arkéma ont raison de se battre contre ce plan de restructuration et d'exiger qu'aucun emploi ne soit supprimé. Leur combat est celui de tous !
Correspondant LO
Une ancienne filiale de Total
Arkéma appartenait jusqu'à 2004 au groupe Total, qui multiplie, depuis plusieurs années, les records de bénéfices : 12 milliards d'euros en 2006. Total s'était débarrassé de ses activités chimiques, il y a un an, arguant que le taux de rentabilité (" seulement " de l'ordre de 8 à 9 %) pénalisait celui des activités pétrolières (de l'ordre de 20 % à l'époque). On pouvait craindre que cette séparation soit le prélude à une restructuration des activités chimiques. Cela se vérifie.
De fait, depuis deux ans, avant même la séparation d'avec Total et après, Arkéma a supprimé de nombreux emplois, faisant passer ses effectifs de plus de 19 000 fin 2004 à un peu plus de 17 000 aujourd'hui. Tout récemment, en janvier 2007, 28 emplois avaient été supprimés sur le site de Chantonnay (Vendée) et 48 autres à Lacq-Mourenc (Pyrénées-Atlantiques).