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Dans les entreprises
Alstom - Belfort : Un "redressement" des profits que les travailleurs continuent de payer très cher
Sarkozy et ses perroquets de l'UMP se vantent du " sauvetage " d'Alstom en 2004, alors que 10 000 emplois auront été supprimés dans le groupe, 2 600 en France, dont 2 000 à Belfort.
Rappelons que ce " sauvetage ", à leurs yeux réussi, a consisté pour l'État à entrer dans le capital d'Alstom à hauteur de 20 % (200 millions d'euros à l'époque). C'est cette part que Martin Bouygues a rachetée en 2006 - 2 milliards d'euros. Ce qui en dit long sur les profits que les banquiers et actionnaires d'Alstom encaissent.
Réduire les coûts, dans la bouche de Patrick Kron, le PDG d'Alstom, cela a d'abord consisté à se débarrasser massivement, dès 2002, des travailleurs ayant vingt, trente années d'ancienneté dans l'usine. Pour des dizaines d'entre eux, le cabinet de reclassement a été le détour obligé vers... l'ANPE, où ils n'ont pas retrouvé de travail. Aujourd'hui, ils se retrouvent en fin de droits, aux ASS, voire au RMI, en attendant une retraite encore amputée du fait qu'ils auront été privés d'années de travail et de salaire.
La reprise à Alstom, ce n'est pas synonyme d'embauches, mais d'extension de la précarité par le recrutement d'intérimaires. Ils sont actuellement 170 dans les ateliers de FLO, qui regorge de travail et de commandes de trains, menacés pour certains de voir leur contrat terminé fin avril. À Machines Electriques aussi, la direction annonce un afflux de commandes. Ainsi, à Isotenax, où l'effectif est tombé à 16 après les deux plans de licenciements, on devrait être bientôt 76. C'est en ayant recours à l'intérim que la direction entend résoudre le manque de personnel. On voit même d'anciens salariés Alstom, licenciés en 2004, revenir travailler, mais avec ces contrats précaires.
D'autre part, Alstom est responsable à Belfort de beaucoup plus que des 2 000 licenciements opérés dans les filiales du site. La direction s'est ingéniée depuis 1998 à " externaliser " des ateliers et des services communs, comme la chaudronnerie, l'emballage et le transport, la station, le gardiennage, livrant ainsi au moins 600 salariés Alstom à des dizaines de repreneurs différents, soi-disant " excellents ", qui se sont précipités sur les contrats de sous-traitance et se sont relayés les uns à la suite des autres pour licencier, avec la complicité d'Alstom. Il en est ainsi de l'imprimerie et de la reprographie, reprise par OCE, une multinationale de 20 000 personnes. Sur les 50 salariés repris, elle en licenciait la moitié dès 2004. En 2006, elle fermait son antenne à Belfort, licenciant tous ceux qui restaient...
Gaussin, qui avait repris la chaudronnerie, a disparu d'Alstom en 2003, laissant au moins 140 travailleurs sur le carreau. Il vient de recevoir les éloges de la presse régionale pour son " rebondissement " car sa société, qui compte huit salariés, vient d'entrer en Bourse. LGE a repris l'emballage et le transport avec quelque 170 salariés Alstom ; il en reste aujourd'hui 63. Les deux actionnaires de LGE ont profité de la manne Alstom pour détourner tous les mois l'équivalent de 500 000 F pour des services fantômes, sans compter les bénéfices. Et c'est avec la complicité d'Alstom que LGE a licencié.
Integral Security, la société de gardiennage et du service incendie, vient de programmer 15 licenciements, soit la moitié du personnel. Les premiers, au nombre de sept, ce qui évite tout problème administratif, interviennent actuellement, leur patron arguant de la fermeture prévue de la porte d'Essert de l'usine et des diminutions des prestations Alstom.
Pour les dirigeants d'Alstom, le " redressement " passe aussi toujours par un gel des salaires... sauf celui de Kron qui s'est augmenté de 37 % l'année dernière. Lui qui gagne officiellement 200 fois le smic refuse d'accorder plus de 30 euros d'augmentation générale cette année !
Mais la sauvegarde d'Alstom dont parlent les politiciens de droite comme de gauche, ainsi que l'embellie annoncée par la direction, ne concernent pas les travailleurs !