Sarkozy à ses jeunes : Aimez-moi autant que je m'aime !22/03/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2016.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy à ses jeunes : Aimez-moi autant que je m'aime !

Dimanche 18 mars, Sarkozy a prononcé au Zénith de Paris un discours spécialement adressé à la jeunesse. Le thème principal en était l'amour car, a-t-il dit à ses auditeurs, " aimer, c'est la seule chose qui compte vraiment ".

Il convient donc que les jeunes s'aiment (eux-mêmes et entre eux), aiment leurs parents, leur patrie et, surtout, qu'ils aiment Sarkozy. Car, voyez-vous, il le mérite.

C'est qu'il a été jeune lui aussi, et qu'il a souffert. Ce sont même " ces failles, ces blessures, ces souffrances surmontées qui font sa force ". Pudique, il n'a rien dit des terreurs enfantines du fils d'immigré, abandonné dans les douze pièces de l'hôtel particulier familial du côté du parc Monceau. Il n'a pas donné non plus de précisions sur ses " épreuves " d'homme. Mais tout le monde comprend qu'il s'agit de ses amours difficiles, par exemple avec Chirac qu'il a d'abord aimé et séduit, puis trompé et abandonné pour le playboy international Balladur, et enfin reconquis dans les larmes et la douleur.

Sarkozy ne s'est pas contenté de plagier Barbara Cartland, il a aussi appelé à la rescousse Baudelaire, Hugo et Rilke, car il ne faut pas " qu'on prive une partie de la jeunesse de l'accès aux grandes oeuvres de l'esprit ". C'est sans doute pour cela que le gouvernement auquel il appartient supprime chaque année des milliers de postes d'enseignants...

Évoquant les jeunes qui " mouraient par milliers sous la mitraille allemande " de la Première Guerre mondiale et citant même Guy Môquet, communiste fusillé à 17 ans pour faits de résistance, il a longuement disserté sur la France et le " lien mystérieux " qui relie chaque Français à la patrie, affirmant : " La France c'est notre bien commun ". Commun à ceux qu'on envoyait à l'abattoir et à ceux qui vendaient les canons ? Commun aux lycéens fusillés à 17 ans et aux profiteurs de guerre ? Commun à son ami Lagardère, actionnaire principal d'Airbus, et aux milliers de travailleurs qu'il veut licencier ? Commun à ceux qui travaillent et à ceux qui vivent de leurs propriétés ? Dans la bouche de Sarkozy, l'amour éthéré de la patrie masque à peine des intérêts bien plus matériels. Et le lien qui relie les politiciens comme lui aux bourgeois comme Lagardère n'a rien de bien mystérieux.

Pour s'adresser aux jeunes, Sarkozy s'est fait écrire un discours se voulant lyrique. Mais la nature est la plus forte : dans sa bouche, la phrase " Rêvez d'un monde meilleur, ayez soif d'absolu, portez en vous le ferment des révolutions à venir " sonnait tout au plus comme une publicité pour Coca-Cola.

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