Russie : Nouvelle catastrophe minière22/03/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2016.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Russie : Nouvelle catastrophe minière

106 morts : c'est le bilan, provisoire car il n'a cessé de s'alourdir, du coup de grisou qui s'est produit, le 19 mars, à la mine Oulianovskaïa de Novokouznetsk, dans la région russe de Kemerovo, en Sibérie. Il s'agit de la catastrophe minière la plus meurtrière qu'ait connue la Russie depuis la fin de l'URSS.

Année après année, coups de grisou ou effondrements de galerie tuent en Russie. En 2006, 30 mineurs ont péri au fond d'un puits. En 2005, dans la seule région de Kemerovo (où se trouve le principal bassin houiller du pays, le Kouzbass), 23 mineurs avaient été tués par le grisou. En 2004, deux explosions avaient tué 60 mineurs... En une quinzaine d'années, des centaines d'entre eux sont morts ainsi de mort violente, sans oublier tous ceux qui périssent à petit feu du fait de la silicose ou de la tuberculose, dans ces régions minières laissées en état de quasi-abandon sanitaire et social.

Situé 3 000 kilomètres à l'est de Moscou, le Kouzbass n'est pas éloigné de la capitale que par la géographie ; un monde sépare le Moscou des riches roulant carrosse, en fait Mercedes dernier cri, des centres industriels ou miniers de Russie, où les travailleurs survivent difficilement et où la mortalité, au travail ou du fait du dénuement, est plus élevée qu'ailleurs. Et dans d'autres anciennes républiques soviétiques, comme l'Ukraine et le Kazakhstan, où la situation est pire, les catastrophes minières sont encore plus terribles et plus fréquentes.

En Russie, les autorités ont laissé fermer les mines les moins rentables. Quant aux autres, il faut qu'on puisse en extraire du charbon, de l'or ou autres minerais exportables, à moindre coût. Alors, les équipements ne sont pas renouvelés et les investissements dans la sécurité sont le cadet des soucis de ceux qui contrôlent ou possèdent ces mines. Le président Poutine lui-même, qui avait réuni le gratin russe de l'économie en février dernier, lui avait une fois de plus reproché de ne pas même investir dans la production.

L'argent que les nantis russes tirent de leurs activités, ils préfèrent le mettre à l'abri en Occident. Ainsi Roman Abramovitch, principal actionnaire du trust qui contrôle notamment une douzaine de mines, dont celle d'Oulianovskaïa, présentée comme une des vitrines... de la prétendue modernisation de l'économie russe ! Cet individu, devenu le Russe le plus riche, est aussi le gouverneur de la région la plus déshéritée de Sibérie et passe le plus clair de son temps... à Londres, où il habite. Car c'est en Angleterre et dans d'autres pays riches qu'il a investi ce qu'il a arraché aux prolétaires de Russie : dans le club de football de Chelsea, dans des écuries de course, des yachts, de l'immobilier de luxe, dans la finance...

Alors, l'hécatombe va continuer dans les mines sibériennes. Et la télévision russe continuera à montrer Poutine aux actualités : un jour, en train de faire la leçon aux magnats des industries d'exportation ; le lendemain, sommant son ministre des Situations d'urgence de se rendre sur les lieux d'un nouveau drame.

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