Ni bonne gestion, ni cogestion des suppressions d'emplois : Interdiction des licenciements !22/03/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2016.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Ni bonne gestion, ni cogestion des suppressions d'emplois : Interdiction des licenciements !

La question des licenciements s'est invitée dans la campagne électorale avec les annonces de suppressions d'emplois par Alcatel-Lucent, et Airbus.

Ces annonces ont soulevé l'indignation. Au point que même les deux principaux candidats à la présidentielle ont dû se fendre de quelques déclarations, voire d'une petite rencontre avec les syndicalistes ou visite aux salariés menacés.

Mais pour empêcher les licenciements, il n'y a rien. Pas plus du côté de Ségolène Royal que de Nicolas Sarkozy ou François Bayrou. Si ce n'est que ce serait encore à l'État (donc aux contribuables) de payer en rentrant dans le capital d'Airbus comme le propose l'UMP, à moins que ce ne soit aux régions de le faire comme le souhaite le PS. Pas étonnant, de la part de ceux qui prétendent à une bonne gestion du capitalisme.

Derrière un langage plus radical, tout en affirmant sur tous les tons la nécessité de s'opposer au " licenciements boursiers ", les propositions de la candidate du Parti communiste ne sont guère plus précises que celles de la candidate du PS. Surtout elles ne donnent pas de perspectives de luttes aux travailleurs. D'abord parce qu'on voit mal comment faire le tri entre les licenciements dits " boursiers " et les autres. Tous les patrons savent prétexter les difficultés économiques. Loin de prôner l'interdiction des licenciements collectifs, Marie-George Buffet propose seulement un " moratoire " sur le plan Power 8 d'Airbus, et une réunion exceptionnelle du Parlement sur les licenciements. Plus généralement, son programme électoral prévoit que " les comités d'entreprise puissent imposer des moratoires suspendant les décisions controversées pour faire des propositions alternatives ". Pas question donc d'imposer au patronat le maintien des emplois : aux CE et aux syndicats de proposer aux patrons des solutions pour limiter la casse, autrement dit pour l'accompagner.

C'est exactement la politique dans laquelle s'enferrent les bureaucraties syndicales depuis des années : il faudrait partir à la recherche du meilleur repreneur, comme en 2001 à Moulinex, ou proposer une solution alternative, comme la même année à AOM-Air Liberté, sous le ministre des transport Gayssot. Ce qui se termine immanquablement en fiasco pour les salariés.

En 2007, face aux milliers de licenciements annoncés, la riposte des organisations syndicales est bien en deçà des nécessités. Non pas que les travailleurs ne répondent pas aux appels. Les manifestations de la semaine dernière l'ont montré. Mais, alors que d'autres plans de suppressions d'emplois sont annoncés ou prévus (le nouveau PDG de Peugeot-Citroën vient de déclarer à la presse qu'il devra se " résoudre à une baisse des effectifs "), les directions syndicales trouvent le moyen d'appeler les salariés de chaque entreprise à manifester... séparément.

Le 15 mars, 3 000 à 5 000 salariés européens d'Alcatel-Lucent, des sites français mais également d'Allemagne, d'Italie, d'Espagne, des Pays-Bas et de Belgique, défilaient à Paris. Le lendemain c'était au tour de ceux d'Airbus : 10 000 à 20 000 manifestants en Allemagne, 5 000 à 7 500 à Toulouse, 4 000 à Saint-Nazaire, Nantes et Méaulte.

Manifestations réussies, donc, mais en rangs dispersés, derrière des mots d'ordre qui s'adressent plus aux industriels qu'aux travailleurs. À Alcatel, les syndicats mettaient en avant la " défense du potentiel d'innovation " et réclamaient une " politique industrielle volontariste " des pouvoirs publics. À Airbus, le responsable de FO déclarait que " ce serait une catastrophe financière " pour les actionnaires " que de nous forcer à ces extrémités ". Quant à la CGT, elle revendique " la reprise dans un premier temps par l'État, sans surcoût, des parts du capital dont Lagardère veut se séparer, afin de devenir un actionnaire de référence et ainsi renforcer son rôle dans la gestion d'Airbus ". Quand on sait que l'État français a déjà 15 % du capital d'EADS, mais en a confié (sous le gouvernement Jospin) la gestion et les droits de représentations à Lagardère, on est sceptique sur le renforcement de ce rôle.

S'il y a une perspective aujourd'hui pour les travailleurs d'Alcatel et d'Airbus, c'est qu'ils ne sont pas seuls. C'est qu'au lieu de manifester chacun dans son entreprise pour une prétendue meilleure solution industrielle, ils seraient ensemble une force. Et pourraient peut-être entraîner derrière eux tous ceux que menace également, de près ou de loin, une même politique de réduction des effectifs et d'abaissement des coûts sur le dos des salariés. Pour exiger, tous ensemble, l'interdiction des licenciements.

Yves LEFORT

Convergences Révolutionnaires n° 50 (mars-avril 2007) Bimestriel publié par la Fraction

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