Le changement qui serait vraiment nécessaire : Mettre fin à la dictature des conseils d'administration !22/03/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2016.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Le changement qui serait vraiment nécessaire : Mettre fin à la dictature des conseils d'administration !

Les candidats qui rêvent d'être qualifiés pour le deuxième tour de l'élection présidentielle se prononcent, chacun à sa manière, pour le " changement ". Sarkozy a placé sa campagne sous le signe d'une " rupture ", consistant à continuer la politique de Chirac, avec en plus quelques appels du pied à l'électorat de Le Pen. Bayrou prétend vouloir sortir du bipartisme UMP-PS. Ségolène Royal vient de se dire (après ce même Bayrou) en faveur d'une VIe République.

Mais pas plus que les candidats de droite, qui se situent ouvertement sur le terrain de la défense des intérêts du grand patronat, elle ne propose de changer quoi que ce soit au fonctionnement du système économique, de remettre en cause le pouvoir qu'exercent quelques poignées de gros actionnaires, qui décident sans aucun contrôle du sort de millions de travailleurs, de l'avenir de régions entières.

Car dans ce système, ce ne sont pas les ministres qui gouvernent vraiment. Même s'ils en ont l'air, parce que les décisions qu'ils prennent sont conformes à ce qu'attend d'eux le grand patronat. Mais, qu'ils s'en écartent ne serait-ce qu'en paroles, et ils sont vite rappelés à l'ordre. Quand Villepin a suggéré que EADS-Airbus, qui veut supprimer dix mille emplois, ne distribue pas de dividendes cette année, l'un des dirigeants de cette société lui a sèchement répliqué " qu'aucun gouvernement ne décide de notre dividende " et que " cette question est réglée par le conseil d'administration ".

C'est cela le fonctionnement dit " normal " du système capitaliste. Un système dans lequel, guidés par la seule recherche du profit, les dirigeants des grandes entreprises peuvent décider librement de fermer des usines, de réduire au chômage des milliers de travailleurs, en même temps qu'ils imposent aux autres des charges de travail sans cesse croissantes. Un système responsable du chômage, de la généralisation de la précarité, des temps partiels imposés et de la multiplication de ceux qu'on appelle les " travailleurs pauvres ". Un système responsable de la spéculation immobilière et de la scandaleuse crise du logement que nous connaissons.

Évidemment, les responsables de ce système ne disent jamais ouvertement que leur seul mobile est l'intérêt égoïste. Ils invoquent la concurrence internationale, des difficultés économiques. Mais pourquoi devrions-nous les croire, alors que les bilans de leurs entreprises viennent régulièrement démentir leurs propos ?

Il serait normal, il est nécessaire que l'ensemble de la population puisse exercer un contrôle sur la manière dont sont prises des décisions qui concernent la vie de millions de personnes. Il faudrait que les travailleurs aient accès à toute la comptabilité des entreprises, et pas seulement aux informations tronquées et truquées délivrées aux Comités d'entreprise. Il faudrait que chacun puisse informer les autres de ce qu'il observe dans son travail, et pour cela rendre la vie économique transparente, abolir le secret commercial, le secret de fabrication, qui sont bien plus dirigés contre l'ensemble de la population que contre la concurrence qui, elle, a bien des moyens de savoir.

Ce sont aussi les comptes bancaires des gros actionnaires, leur fortune personnelle, qui devraient être portés à la connaissance de la population. Les patrons savent bien, au centime près, ce que gagne chacun de leurs salariés. Les banquiers de qui nous sollicitons un prêt n'ignorent rien de ce que nous possédons. Pourquoi la population n'aurait-elle pas le droit de connaître le montant de la fortune de ceux qui prétendent lui imposer des sacrifices, au nom de prétendues nécessités économiques ?

Si je me présente dans cette élection présidentielle, c'est pour permettre aux travailleurs de dire à la gauche que, s'ils votent contre Sarkozy, ce n'est pas pour se contenter de formules creuses comme la " VIe République ". Mais c'est pour affirmer leur volonté de voir appliquer une politique qui s'attaque réellement aux problèmes du chômage, des bas salaires, du logement, ce qui passe par cette exigence de transparence, vitale pour toute la population laborieuse.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 19 mars

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