L'arrestation de Cesare Battisti au Brésil : Une basse victoire de Sarkozy22/03/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2016.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'arrestation de Cesare Battisti au Brésil : Une basse victoire de Sarkozy

Cesare Battisti a été arrêté dimanche 18 mars au Brésil et est maintenant en attente de la demande d'extradition vers l'Italie, où il avait été condamné par contumace en 1979 à la prison à perpétuité. Cette arrestation a été effectuée grâce à l'aide de la police française, ce dont Sarkozy s'est félicité.

Battisti appartenait dans les années soixante-dix à un groupe d'extrême gauche partisan de la lutte armée et, à ce titre, il avait été accusé de quatre assassinats. Au cours d'un procès manifestement expédié, sur la foi des déclarations de " repentis " à qui l'on avait promis la clémence s'ils le chargeaient, dans le contexte de lois d'exception aggravant les peines pour des délits dirigés contre l'État, et hors de sa présence, Battisti avait donc été condamné à la plus lourde peine sans qu'il puisse se défendre. Comme la loi italienne ne prévoit pas qu'un second procès puisse se dérouler si le jugement a été rendu par contumace, il risque donc, s'il est extradé, de finir ses jours en prison. Pourtant, sans renier ses engagements passés, Battisti avait abandonné toute activité politique. Se fiant à la promesse faite par Mitterrand que les exilés politiques italiens pourraient résider en France s'ils renonçaient à la violence, il y vivait depuis 1990 et était devenu écrivain. Mais en 2004 le gouvernement Raffarin, répondant aux souhaits de Berlusconi, était revenu sur l'engagement pris par Mitterrand, et Battisti, après avoir vécu quelque temps clandestinement en France, s'était ensuite réfugié au Brésil. Mais cela ne suffisait pas à Sarkozy, qui voulait avoir sa capture à son tableau de chasse avant les élections, et il se vante des exploits de sa police qui, selon lui, " a fait son devoir ". Il insiste en même temps sur le fait que c'est un " gouvernement de gauche ", celui de Romano Prodi, qui demandait l'arrestation de Battisti. Les dirigeants socialistes français, qui dans leur ensemble l'avaient défendu en 2004, sont à l'heure actuelle beaucoup plus partagés, et surtout beaucoup plus timorés. Sans mettre en cause les manoeuvres de Sarkozy, certains, comme Strauss-Kahn, défendent l'idée que Battisti " a droit à un procès équitable ". Mais pour Ségolène Royal tout comme pour François Hollande, qui lui avait apporté son soutien en 2004, " c'est maintenant une affaire entre le Brésil et l'Italie " ! Pour quelques voix de plus, on a vite fait de jeter quelqu'un aux oubliettes.

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