Darfour - Massacres et pétrole : La responsabilité des grandes puissances.22/03/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2016.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Darfour - Massacres et pétrole : La responsabilité des grandes puissances.

Plusieurs associations ont organisé un meeting à Paris pour attirer l'attention de l'opinion publique et des gouvernements sur la situation catastrophique de la population du Darfour, région de l'ouest du Soudan, victime d'une guerre qui, depuis quatre ans, a fait entre 200 000 et 400 000 morts et deux millions de réfugiés.

Le malheur pour ces populations est que, dans cette région riche en pétrole, tous les gouvernements, qu'ils soient européens ou américain, défendent leurs intérêts par tous les moyens, y compris le soutien aux massacreurs.

Le chef du gouvernement soudanais, Omar Al-Bachir, fait peser sur la population un pouvoir dictatorial depuis son coup d'État, appuyé sur les islamistes, en 1989. Depuis 2003, il affronte une rébellion au Darfour. Officiellement, dans cette région s'opposeraient des milices arabes dites " janjawids " et des rebelles noirs. Mais les " janjawids " ne sont que des bandes de mercenaires qui font régner la terreur sur le terrain, après que l'aviation gouvernementale a bombardé les populations, tandis que la propagande du pouvoir cherche à jouer sur les divisions ethniques entre les populations arabes du Nord et les populations de l'Ouest, noires mais aussi en partie arabes.

Pour le gouvernement américain, la clique au pouvoir à Khartoum est passée de la catégorie " terroriste ", soumise à un embargo en 1997, à celle " d'alliés ", après le 11 septembre 2001 : un miracle dû à la collaboration soudanaise " dans la guerre contre le terrorisme " et, sans aucun doute, à l'attrait des puits de pétrole du Sud-Soudan. Ils sont d'autant plus attirants que tout le monde les convoite, y compris la Chine, qui achète 65 % de la production pétrolière et dispose de nombreuses concessions au Darfour du Sud. Quant à la vieille rivalité entre les intérêts anglo-américains et les intérêts français, elle se poursuit, mais plutôt au détriment des seconds : Total, dont les permis pétroliers au Sud-Soudan sont bloqués, en fait les frais. Khartoum, cherchant aussi à saper l'influence française dans les pays voisins, Tchad et Centrafrique, le gouvernement français, qui y maintient des troupes pour soutenir des gouvernements aussi dictatoriaux que celui du Soudan, les utilise contre des rebelles appuyés par le gouvernement soudanais.

Ainsi les soucis humanitaires que montre parfois le gouvernement français pour le sort de la population du Darfour semblent surtout proportionnels à ses intérêts pétroliers. C'est une attitude à peu près symétrique de celle qu'il a adoptée au Rwanda, en 1994, en couvrant les massacres quand ils étaient le fait de ses protégés.

On comprend mieux pourquoi tous les États impérialistes, et l'ONU, se contentent de voter des résolutions totalement inefficaces et pourquoi la force interafricaine, financée par l'Union européenne et censée s'interposer au Darfour, ne sert qu'à compter les morts.

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