Chantiers de l'Atlantique - Saint-Nazaire : Aker revend ses parts22/03/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2016.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chantiers de l'Atlantique - Saint-Nazaire : Aker revend ses parts

Les ex-Chantiers de l'Atlantique viennent à nouveau de changer de main. Alstom les avait vendus il y a un peu plus d'un an à la holding norvégienne Aker, qui vient de les revendre. À l'heure où nous écrivons, on ne sait pas qui sont les acheteurs, ce qui est significatif de l'opacité d'un système où de très grosses entreprises peuvent changer de propriétaire du jour au lendemain sans que leurs milliers de travailleurs aient la moindre indication sur l'identité et sur les projets de ceux qui la possèdent.

Pourtant, lorsque Aker avait racheté les Chantiers en janvier 2006, les dirigeants politiques du pays n'avaient pas tari d'éloges sur le repreneur. Breton, le ministre de l'Économie, s'était félicité de la naissance d'un futur champion mondial de la construction navale. Ayrault, le chef de file des députés socialistes, considérait que " le groupe Aker présente de solides références industrielles et économiques pour conforter l'activité des Chantiers de Saint-Nazaire ". Le maire socialiste de Saint-Nazaire avait consacré quatre pages du journal municipal à faire la publicité du groupe norvégien et commentait : " C'est la meilleure solution possible pour assurer le développement de la construction navale à Saint-Nazaire. "

Il n'a pas fallu attendre longtemps pour voir que " l'industriel Aker " était aussi un financier qui en valait bien d'autres. En tout cas, à l'époque, l'achat des Chantiers de l'Atlantique ne lui a pas coûté cher, puisqu'il l'a obtenu pour 50 millions d'euros et que le vendeur, l'Alstom, s'engageait à lui verser 350 millions d'euros pour l'aider à recapitaliser l'entreprise. À l'époque, le directeur financier d'Aker considérait que le rachat se traduirait par des chiffres positifs " dès le premier jour ". Et pour cause !

En fait, au moment où il rachetait les Chantiers, Aker était déjà en train de se désengager de ses chantiers navals. Selon le journal La Tribune, en 2004 il était propriétaire à 75 % de ces entreprises. Au début de l'année il ne possédait plus que 40 % des actions, celles qu'il vient justement de revendre cette semaine. L'achat des Chantiers de l'Atlantique était donc bien une opération purement spéculative, et qui a été couronnée de succès grâce à l'active complicité des autorités politiques, locales et nationales.

D'un point de vue financier, le moment choisi pour revendre est idéal : l'activité de la branche navale d'Aker a dégagé un bénéfice net de 129 millions d'euros en 2006. Les carnets de commande sont pleins et l'action est au plus haut.

Ces résultats positifs pour les financiers, les travailleurs les payent au prix fort. À Saint-Nazaire, Aker s'est bien gardé d'investir le moindre centime dans l'outil de travail. L'augmentation générale de salaire accordée cette année (1,6 %) ne couvre pas l'inflation. Et l'effectif des salariés directement embauchés par les Chantiers est passé sous les 3 000 durant le court règne d'Aker. La majorité des ouvriers est désormais composée d'environ 3 000 sous-traitants et d'intérimaires.

C'est cette précarisation et la dégradation des conditions de travail et de revenus qui fournissent la base de manoeuvres financières profitables.

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