Aides aux entreprises : À fonds perdus sans aucune contrepartie22/03/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2016.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Aides aux entreprises : À fonds perdus sans aucune contrepartie

Ni Sarkozy ni Bayrou ne remettent en cause les sommes considérables - 65 milliards d'euros en 2005 - prélevées chaque année sur l'argent des impôts pour " aider " les entreprises. Celles-ci empochent les aides pour gonfler leurs profits, mais n'investissent même pas pour développer la production et créer des emplois. Au contraire, elles continuent tout de même à licencier, voire à fermer leurs portes.

Il s'agit pour ces hommes de droite de continuer à remplir les poches des riches actionnaires, au détriment des salariés et de la population laborieuse. Mais Ségolène Royal propose-t-elle une autre politique ?

Elle promet d'économiser environ 5 milliards sur les 65, ce qui signifie qu'elle continuera à distribuer massivement le reste. Elle voudrait faire croire qu'avec elle ce ne sera pas à fonds perdus, car les aides seraient attribuées sous conditions. C'est ainsi que, dans son pacte présidentiel, elle s'engage à " conditionner les aides publiques aux entreprises à l'engagement de ne pas licencier quand l'entreprise dégage des profits substantiels et obtenir le remboursement en cas de délocalisation ". Mais là où cet engagement est peu crédible c'est que, depuis trois ans à la tête de la région Poitou-Charentes, elle n'a jamais exigé aucun remboursement d'aucune entreprise. D'ailleurs, elle n'est pas la seule : aucun autre dirigeant socialiste ne l'a fait dans aucune région, et la droite au gouvernement non plus bien sûr.

En Poitou-Charentes, Ségolène Royal fait pourtant signer une " Charte d'Engagements Réciproques " aux entreprises qui sollicitent ou bénéficient d'une aide financière de la région. Cette charte stipule que l'entreprise devra rembourser l'aide perçue si elle délocalise hors de la région. De même, " l'aide accordée deviendra exigible en tout ou partie par la région " dans le cas d'une " diminution du niveau moyen des effectifs " puisque l'entreprise se sera engagée " à maintenir le nombre d'emplois pendant au moins la période couverte par le projet qui a bénéficié de l'aide ". Mais ce ne sont que des formules sur le papier.

Lorsque Michelin a fermé son usine de Poitiers en 2005, en supprimant 430 emplois, Ségolène Royal qui a rencontré la direction a dit qu'elle " souhaitait le maintien de l'activité sur le site de Poitiers, tant que Michelin ne donnera pas l'assurance d'une nouvelle activité industrielle avec le maintien de l'emploi sur le site ". Son " souhait " s'accompagnait de la proposition de " faire intervenir le fonds régional d'aide à l'innovation ", c'est-à-dire de donner encore de l'argent public à un groupe qui venait d'annoncer des bénéfices records et une augmentation de 34 % des dividendes servis aux actionnaires ! Les souhaits respectueux de Royal n'ont rien changé aux plans de Michelin et, aujourd'hui encore, seules 40 des 111 personnes envoyées à l'ANPE ont retrouvé un travail en CDI.

Aujourd'hui Ségolène Royal tient, avec les autres présidents socialistes de région, le même langage vis-à-vis d'Airbus : ils disent " leur profonde inquiétude " et " leur détermination à soutenir une industrie décisive pour l'avenir de leurs régions ", en proposant encore une fois plus d'argent public, alors que des centaines de millions ont été distribués dans le passé sans que cela gêne Airbus pour annoncer ses 10 000 suppressions d'emplois.

En fait, malgré quelques déclarations pour la galerie et quelques larmes de crocodile sur le sort des salariés, les dirigeants socialistes, Royal en tête, s'inclinent aussi bien devant les décisions patronales de suppressions d'emplois que devant leurs demandes de subventions... tout comme les dirigeants de la droite. Ils se refusent même à utiliser les aides pour peser sur les décisions. Autant dire qu'ils ont encore moins la volonté de contraindre le patronat à prendre sur ses profits pour maintenir les emplois.

Ce serait pourtant la seule façon d'enrayer le chômage !

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