L'assassin de deux inspecteurs du travail condamné : Un patronat hostile à tout contrôle14/03/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2015.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'assassin de deux inspecteurs du travail condamné : Un patronat hostile à tout contrôle

En condamnant à 30 ans de réclusion l'exploitant agricole qui avait tué deux contrôleurs du travail de Dordogne, le 2 septembre 2004, le tribunal de Périgueux n'a pas suivi la défense qui présentait ce meurtrier comme dépressif. Ce dernier employait des saisonniers sans les déclarer. Ayant déjà eu maille à partir avec la justice pour des faits similaires, il avait fait feu, à bout portant, sur les agents de l'inspection du Travail, et dans le dos d'une de ses victimes.

Les faits étaient établis. Il a pourtant fallu deux ans et demi à la justice pour se prononcer. Si elle a pris son temps, c'est sans doute que l'émotion et la colère restaient grandes parmi les collègues des agents assassinés. Et leurs ministères de tutelle (Travail, Transport, Agriculture) ne les avaient, sauf exceptions locales, pas autorisés à s'absenter pour assister au procès. De peur qu'ils s'y présentent en nombre ?

En tout cas, au lendemain de ce double meurtre, les personnels de l'inspection du Travail avaient répondu nombreux à l'appel à la grève lancé par les syndicats. Car les incidents et agressions de la part d'employeurs durant des contrôles sont de plus en plus fréquents, même si c'était la première fois en un siècle d'histoire de l'inspection du Travail que des agents étaient assassinés dans l'exercice de leurs fonctions. Et cela, dans un climat où, au plus haut niveau, celui du gouvernement, les autorités censées appliquer la loi, non seulement ne cessent de l'adapter dans le sens voulu par le patronat, mais multiplient les déclarations sur les prétendues " rigidités " du code du travail qu'il faudrait " réformer ", en faisant sauter certaines limitations légales, pourtant bien modestes, au droit divin des patrons.

Ainsi, quand tel inspecteur, qui a constaté une infraction au code du travail, donne raison à des salariés contre leur patron, il est de plus en plus fréquent de voir sa décision désavouée et cassée par le ministre du Travail.

L'inspection du Travail compte 1 950 agents, et qui ne sont pas tous " de terrain ", censés pouvoir contrôler... 1,5 million d'entreprises. Autant dire qu'un patron court bien moins de risque d'être contrôlé qu'un automobiliste sur la route !

Et cette institution, qui n'est même pas habilitée à régler les litiges relatifs au contrat de travail, est chargée de faire respecter une législation (en l'occurrence, celle qui s'applique au travail) qui, bien sûr, n'a pas été décidée par les travailleurs.

Mais pour limités que soient les missions et les moyens de l'inspection du Travail, c'est encore trop aux yeux du patronat. 81 députés UMP avaient ainsi déposé, fin 2003, un projet de loi prévoyant de " réorganiser " l'inspection du Travail, accusée par eux d'" entraver la liberté d'entreprendre "...

Cette liberté patronale, celle qu'a le renard " d'entreprendre " dans le poulailler, n'est pourtant guère bridée quand on sait que, proportionnellement au nombre de salariés, il y a aujourd'hui moins d'inspecteurs du travail qu'au début du siècle précédent !

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