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Dans le monde
Grèce : Les étudiants en lutte contre la réforme universitaire
Jeudi 8 mars à Athènes, une manifestation d'étudiants et d'enseignants devant le Parlement, au moment du vote de la réforme universitaire, a été violemment réprimée par la police. Le lendemain, plusieurs milliers de personnes ont encore manifesté contre les arrestations et contre le gouvernement.
Cela fait plus de deux mois que les étudiants, soutenus par le syndicat des professeurs d'université et même par certains recteurs, ont repris leurs protestations contre cette réforme, mise de côté après les mouvements du printemps 2006.
Jusqu'à présent, l'article 16 de la Constitution fait de l'enseignement un monopole d'État, aucune école privée ne pouvant délivrer un diplôme officiellement reconnu. C'est aussi un service public gratuit : il n'y a pas de frais de scolarité, les manuels y sont distribués, y compris dans l'enseignement supérieur ; la durée des études n'y est pas limitée : après une sélection à l'entrée, l'étudiant peut rester le temps qu'il faut pour obtenir ses examens finaux. Enfin, les universités sont des lieux d'asile : la police ne peut y entrer, sauf cas extrêmes, qu'après autorisation du Conseil de l'université.
C'est tout cela que le gouvernement de droite grec a décidé de changer. Faute d'une majorité des trois quarts des députés pour réviser la Constitution, il a fait passer sa loi-cadre. Il prévoit d'imposer un gestionnaire économique dans les facultés, qui devront " mériter " par leurs projets les subsides de l'État et chercher aussi des financements ailleurs, auprès des entreprises ou auprès des étudiants : en compensation, les étudiants les moins favorisés pourraient obtenir des " prêts ", remboursables évidemment. Le gouvernement limite le nombre d'années que l'on peut passer à l'université. Enfin il restreint " l'asile universitaire ", restriction accompagnée d'une affirmation du " droit au travail " dans laquelle les étudiants voient une menace pour la tenue des assemblées de grévistes sur les campus.
Bien que la moitié des bacheliers seulement réussissent leur entrée à l'université, le gouvernement grec trouve que l'éducation lui coûte trop cher. Pour les étudiants et les professeurs, cette loi est une ouverture aux capitaux privés, une limitation de leurs libertés et un obstacle supplémentaire à l'accès aux études pour les étudiants de milieux modestes. Et même si la loi est passée, ils appellent à continuer la lutte contre un gouvernement qui, comme bien d'autres, a décidé de casser les services publics.