Bush en Amérique latine : Tournée des compteurs pour le capital US14/03/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2015.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Bush en Amérique latine : Tournée des compteurs pour le capital US

Comme tout président des États-unis avant une visite en Amérique latine, Bush s'est soudain dit préoccupé par la situation dans le sous-continent. Il a déclaré que la misère dans cette région était un " scandale ", que " des dizaines de millions de personnes restaient engluées dans la pauvreté, vivant avec moins de deux dollars par jour ". Il a ajouté : " De nombreux enfants ne terminent pas l'école, de nombreuses mères n'ont jamais vu de médecin. À une époque de prospérité croissante, c'est un scandale et un défi. " Il a promis 75 millions de dollars d'aide à l'apprentissage de l'anglais et 38 millions de dollars d'aide pour le logement. Moyennant quoi, il a pu prendre l'avion pour aller parler de choses sérieuses.

Au Brésil, le 9 mars, Bush et Lula, le président brésilien, ont signé un accord pour développer la production d'éthanol à partir de végétaux. Ce carburant serait une alternative au pétrole et sa production pourrait donner du travail à de nombreux petits paysans. En fait, au Brésil, l'éthanol est produit à partir de la canne à sucre, sur d'immenses propriétés couplées à des raffineries. Parmi les gros producteurs, on retrouve Tereos (ex-Beghin-Say) qui exploite une propriété de 32 000 hectares. Le deuxième producteur " local " d'éthanol est la société française Louis Dreyfus, qui possède trois usines produisant 450 000 tonnes de sucre et 150 000 mètres cubes d'éthanol. Des " petits paysans " comme on voit.

En Colombie, Bush a assuré le président Uribe de son soutien et même de son amitié personnelle. L'amitié Bush-Uribe a un prix : 4,7 milliards de dollars versés à la Colombie depuis 2000 sous prétexte de lutte contre la drogue et le terrorisme (l'éducation et le logement peuvent attendre...). La Colombie est un régime gangrené par les trafiquants de cocaïne jusque dans les sommets de l'État et où les exactions de l'armée, particulièrement contre les travailleurs et les syndicalistes, sont quotidiennes. Mais c'est un fidèle ami des États-Unis.

Bush a fini sa tournée par le Mexique, un pays qui exporte en effet 88 % de sa production vers les États-Unis avec lesquels il a un accord de libre-échange. Une des conséquences de cet accord est la hausse des prix de la nourriture pour la population mexicaine. La misère pousse ainsi chaque année 400 000 Mexicains à aller tenter leur chance de l'autre côté de la frontière. Mais Bush a une solution à ce problème : il est en train de faire construire un mur pour empêcher les émigrants de traverser, de façon qu'ils puissent continuer à mourir de faim du côté mexicain. Même le président mexicain, Calderon, a fait respectueusement remarquer à Bush que " l'immigration ne peut pas être enrayée et certainement pas par décret " et que ce mur ne réglait rien.

Seul Chavez, le président du Venezuela, a contesté lors d'un meeting la politique américaine en général et Bush en particulier. Chavez interrogeait la foule : " Bush est un fils de... ? " et après la réponse attendue, il concluait " C'est vous qui l'avez dit ". Mais la liberté de ton de Chavez doit beaucoup au fait que le Venezuela est un pays producteur de pétrole et que les cours élevés de ces dernières années lui assurent des rentrées financières. Et cette liberté, outre les choix politiques de Chavez, reste limitée au ton, du fait que les États-Unis achètent 70 % du pétrole vénézuélien.

Tout compte fait, Bush a donc dû tout de même rentrer satisfait. Si, au sud du Rio Grande, on n'accueille pas les présidents des États-Unis à bras ouverts, les veines de l'Amérique latine sont toujours ouvertes et il en coule un flot de capital vers les banques de New York.

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