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- Lutte ouvrière n°2015
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Dans le monde
Allemagne : Les travailleurs sacrifiés sur l'autel du profit
Le plan de " réduction des coûts " de la direction d'Airbus, baptisé Power 8, prévoit 3 700 suppressions de postes en Allemagne, sur les 10 000 prévues au total en Europe, auxquelles il faut ajouter la vente de plusieurs usines, dont l'avenir n'est nullement garanti. Au total, entre 6 000 et 7 000 salariés sont donc concernés sur les 23 000 qui travaillent pour le groupe en Allemagne.
Contre les projets patronaux, une journée d'action avait déjà eu lieu le 2 février, ponctuée par des rassemblements sur les sept sites d'Airbus du pays. Mais le mercredi 28 février, dès que le plan Power 8 a été rendu public, des réactions spontanées des travailleurs ont eu lieu sur les trois sites qui doivent être cédés. À Laupheim, près d'Ulm (Bade-Wurtemberg), une partie des travailleurs de l'équipe d'après-midi ont cessé spontanément le travail et une manifestation d'un millier de personnes a aussitôt été organisée. À Varel (Basse-Saxe) aussi, les travailleurs ont cessé spontanément le travail et le jeudi 1er mars ils ont bloqué les portes. La colère a aussi explosé à Nordenham (Basse-Saxe). Et les assemblées du personnel du 2 mars se sont terminées partout dans le tumulte, les dirigeants syndicaux qui ne proposaient rien de concret étant sifflés par une partie des présents. Le travail n'a repris que le lundi 5 mars.
Sur tous les autres sites, à Hambourg, Brême, Stade et Buxtehude, si l'inquiétude est grande, la colère ne s'est pas exprimée aussi fortement. Le fait que ces sites soient préservés, au moins pour l'instant, et que la direction a annoncé qu'il n'y aura pas de licenciements secs (par exemple " seulement " 800 suppressions de postes sur les 12 000 que compte le site de Hambourg-Finkenwerder) y est sans doute pour quelque chose. Mais les responsables du syndicat IG Metall ont aussi temporisé, expliquant qu'il fallait attendre de voir plus clair dans les plans de la direction. Ils n'ont pas non plus cherché vraiment à organiser la lutte commune de tous les salariés du groupe au moment où la colère et l'émotion étaient les plus fortes. Le syndicat de la Métallurgie IG Metall n'a, par exemple, pas appelé à des actions lorsqu'a eu lieu la journée d'action du 6 mars en France.
Pourtant les projets patronaux ont d'autant plus choqué que tous les travailleurs savent qu'il y a du travail pour tout le monde et que les carnets de commande sont pleins. Pour faire face à l'accroissement de la charge de travail, la direction a, au cours des dernières années, augmenté les effectifs et instauré des équipes spéciales le samedi et le dimanche. Alors il n'y a personne en trop dans les usines.
Pour la journée d'action européenne des travailleurs d'Airbus, prévue le16 mars, une manifestation centrale regroupant les travailleurs des différents sites d'Allemagne, ainsi que des entreprises sous-traitantes d'Airbus, doit avoir lieu à Hambourg. Il faut souhaiter qu'il y ait le plus de monde possible dans la rue pour dire : " Non aux licenciements " et " À bas le plan Power 8 ".