Lundi 12 mars, la société des Autoroutes Paris-Rhin-Rhône a été condamnée par les Prud'hommes pour abus de CDD. " Je n'avais plus de vie de famille. On m'appelait pour un remplacement parfois à minuit ou à 4 heures du matin ", a expliqué à l'audience une des employées, qui avait eu 278 CDD en cinq ans. Pour qu'elles acceptent de travailler dans ces conditions, intervenant au pied levé pour aider à résorber un bouchon au péage, la société d'autoroutes leur faisait miroiter une embauche. Mais quand elles postulaient, " leur profil ne correspondait pas ", a témoigné une autre employée, qui avait eu 180 CDD. La société d'autoroutes devra verser de 30 000 à 40 000 euros aux cinq péagistes qui travaillaient sur l'A6 dans le Rhône. D'après les syndicats, une centaine de salariés pourraient porter plainte à leur tour.

Toutes les sociétés d'autoroutes, sous prétexte de la " forte saisonnalité " de leur activité, ont érigé en véritable système ces CDD à répétition, d'ailleurs condamnés par les tribunaux. Fin janvier, Cofiroute était condamné pour avoir fait signer à quatre salariés 439 CDD en quatre ans. En février 2006, c'était ASF (Autoroutes du Sud de la France), le plus grand groupe autoroutier du pays, pour avoir employé un salarié pendant deux ans avec 56 CDD.

La société des Autoroutes Paris-Rhin-Rhône est le deuxième groupe autoroutier en France et le troisième en Europe. Il gère un réseau de 2 260 km et emploie près de 4 500 personnes. Pour 2006 il annonce un chiffre d'affaires de 1,67 milliard d'euros, en augmentation de 6,3 %, et des bénéfices de 263 millions d'euros, en hausse de 35,2 %. Mais pour une société aussi riche, c'est trop cher payer que d'embaucher normalement en CDI ses salariés.