Peugeot-Citroën Aulnay-sous-Bois (93) : Grève pour les salaires08/03/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2014.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Peugeot-Citroën Aulnay-sous-Bois (93) : Grève pour les salaires

La grève a commencé mercredi 28 février. Au montage 2, quelques ouvriers, en début d'équipe d'après-midi, décidaient d'arrêter le travail pour le salaire et partaient en manifestation dans les ateliers. La grève a vite grossi et, à 18 heures, deux cents travailleurs les avaient rejoints. L'équipe de nuit suivait le mouvement ; la direction ne démarrant même pas les chaînes de production. Jeudi et vendredi, la production était désorganisée par la grève. Cinq cents grévistes environ manquaient sur les chaînes. Une quarantaine de travailleurs intérimaires et près de vingt moniteurs, le premier niveau d'encadrement, rejoignaient la grève.

Le ras-le-bol contre les bas salaires et les charges de travail est général. Mais, ce qui a déclenché la grève, c'est la victoire des « Magnetto ». En effet, les trois cents ouvriers de ce sous-traitant sur le site même de l'usine d'Aulnay (emboutissage des tôles) ont obtenu en quatre jours d'une grève suivie par la majorité d'entre eux, 100 euros net d'augmentation de salaires, cinq jours de congés supplémentaires, l'embauche de dix intérimaires, le paiement des jours de grève. Leur victoire a été connue le mercredi midi par un tract de la CGT ; un tract que les ouvriers de PSA lisaient et relisaient. C'était donc possible d'avoir autre chose que le 1,6 % (soit 20 euros) prévu par la direction !

Les deux premiers jours de la grève, la direction a été obligée de fermer totalement les deux montages. Ensuite, elle a réussi à en faire tourner un avec des techniciens ou des ouvriers non grévistes réquisitionnés. Mais ce n'est pas tellement efficace, même à plusieurs par poste. La plupart des ouvriers professionnels, y compris de nombreux intérimaires, refusent d'y aller. Pour la journée du vendredi, seules 140 voitures sont sorties, contre 1350 en temps ordinaire, et parmi elles, seules 24 n'avaient pas besoin de retouche !

Lundi et mardi, la grève s'est renforcée, même si certains grévistes sont restés chez eux. Ceux qui sont venus à l'usine ont participé aux assemblées. Ils ont décidé d'aller discuter par petits groupes pour entraîner d'autres ouvriers dans la grève.

La direction fait tout pour empêcher que les grévistes rencontrent ceux qui travaillent encore. Dès qu'un cortège est en vue ou entendu, elle conseille d'enfermer les ouvriers dans les salles de repos avec une rangée de chefs devant ou leur dit de quitter leur poste.

Elle répand aussi sa propagande : sur les 100 euros d'augmentation mensuelle de salaire obtenue à Magnetto, elle a commencé par mentir, disant qu'il s'agissait de 55 euros, puis, ne pouvant cacher son réel montant, elle l'a qualifié de « démesurée ». Sur la revendication des 300 euros, elle a estimé le coût à 500 millions si elle était appliquée sur le groupe, soit « trois fois l'ensemble des salaires annuels d'Aulnay ». Mais ces 300 euros appliqués à tous les salariés du groupe PSA (puisqu'elle en parle), cela ne fait que 7 % des neuf milliards de bénéfices accumulés depuis sept ans. PSA ne serait pas sur la paille avec les 8,5 milliards de bénéfices restants.

Dès le premier jour de grève, l'assemblée des grévistes s'est fixé comme revendications 300 euros net d'augmentation par mois pour tous, un salaire d'embauche minimum de 1525 euros net, l'embauche des intérimaires et le départ en retraite dès 55 ans. Elle s'est donné un comité de grève de plusieurs dizaines de membres, qui a organisé à ce jour deux visites : l'une aux travailleurs de l'entreprise de transport Gefco, filiale du groupe PSA, à Survilliers, à 15 km d'Aulnay, qui se sont mis en grève ; et une autre à Saint-Ouen (93). Les 300 grévistes d'Aulnay présents, bien accueillis, ont réussi à défiler dans l'usine aux cris de « PSA peut payer », « 1 et 2 et 300 euros pour tous ».

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