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Leur société
Laboratoire pharmaceutique Novartis : Quand le profit tue
Le laboratoire Novartis, un des géants de l'industrie pharmaceutique, a porté plainte contre la décision du gouvernement indien de refuser un brevet à son médicament anticancéreux Glivec
Ce refus est justifié par le fait que ce médicament est un dérivé d'un médicament ancien, mis sur le marché en 1993 en Europe et aux USA, alors que la loi indienne n'accorde de brevet qu'à des produits véritablement novateurs. Ce que conteste en fait Novartis, c'est que la décision du gouvernement indien le prive d'un monopole de vingt ans (durée moyenne d'un brevet) pour vendre le Glivec à prix fort - 26 000 dollars pour un traitement annuel - alors que ce médicament est déjà vendu sous sa forme générique en Inde, mais par d'autres laboratoires, pour un coût de traitement annuel d'environ 2 100 dollars. En France, la boîte de Glivec est vendue 1287 euros, pour quinze jours de traitemennt.
Tous les grands laboratoires tiennent le même discours contre les laboratoires fabricants de médicaments génériques. Pfizer, en annonçant 10 000 suppressions d'emplois, les « justifiait » par la concurrence faite à son médicament anti-cholestérol, le Tahor. Sanofi-Aventis et BMS pleurent leurs parts de marché perdues aux USA, où leur médicament anticoagulant Plavix est concurrencé par des génériques.
Les laboratoires fabricants de génériques - dont les laboratoires indiens, l'Inde étant le plus grand producteur de médicaments génériques au monde - ne sont bien sûr pas des Robins des Bois défenseurs des pauvres et ils veulent, eux aussi, faire le maximum de profits. Mais les trusts pharmaceutiques, en défendant leurs brevets, entendent garder une position de quasi-monopole. Ils parlent de « droits de propriété intellectuelle », mais c'est de propriété commerciale et de défense de leurs profits qu'il s'agit.
Dans un marché mondial de 600 milliards de dollars en pleine expansion (il a doublé de 1999 à 2005), un brevet est une arme de choix pour s'assurer des profits colossaux, comme ceux de Novartis, qui a fait 7,2 milliards de dollars de bénéfices en 2006, pour un chiffre d'affaires de 38 milliards de dollars. Mais le prix à payer pour des millions de malades des pays pauvres, c'est l'accès au compte-gouttes à des médicaments efficaces qui pourraient les guérir de maladies qu'on sait parfaitement soigner.