Indice des prix à la consommation : Des calculs justes qui donnent un résultat faux08/03/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2014.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Indice des prix à la consommation : Des calculs justes qui donnent un résultat faux

L'Insee (Institut National de la statistique et des études économiques) a mis en service depuis le 27 février un « simulateur d'indice des prix personnalisé » censé permettre à chaque consommateur de calculer l'effet de la hausse des prix sur son budget.

Jusque-là on ne disposait que de l'indice général des prix à la consommation, basé sur les prix de dizaines de milliers de produits et la consommation de l'ensemble de la population. C'est en référence à cet indice que les gouvernements décident des revalorisations du salaire minimum, des pensions et des diverses allocations.

Ainsi en juillet dernier le smic a augmenté de 3,05 % : 3,02 d'augmentation des prix calculée par l'Insee plus... 0,3 % de « coup de pouce » du gouvernement ! Pourtant tous les travailleurs payés au smic, et pas seulement eux, ont constaté que les prix des produits qu'ils consomment effectivement, le carburant, les fruits et les légumes et même le pain, ont augmenté beaucoup plus, sans parler des loyers. Pour les couches populaires l'indice des prix est, à tout le moins, trompeur.

L'Insee ne le nie pas et explique que c'est parce qu'il s'agit d'une moyenne. Par exemple, dit-il, la hausse des loyers ne pénalise que les locataires, et pas tous de la même manière suivant qu'ils consacrent une part plus ou moins grande de leur budget à payer leur logement. L'indice fait donc la moyenne de ces situations diverses.

Si le raisonnement est mathématiquement inattaquable, il est socialement très orienté. Car moins un ménage a de ressources, plus la part qu'il doit consacrer au logement est élevée, plus la hausse des loyers sera douloureuse. D'autre part, parmi les propriétaires, il y en a de particuliers, ceux qui louent les logements qu'ils possèdent et pour qui la hausse des loyers et celle du prix des logements sont pain béni. La moyenne faite entre le propriétaire d'un immeuble d'un quartier bourgeois d'une grande ville et le locataire d'un logement ouvrier n'a aucun sens.

Quel sens aura donc l'indice « personnalisé » ? Ce sera un gadget, un « instrument pédagogique » dit l'Insee dont les résultats ne seront donnés qu'à titre indicatif. Pour les choses sérieuses, comme la revalorisation du smic, les gouvernements en resteront à l'indice habituel. Cela revient à un quasi-blocage des salaires nominaux, correspondant à une diminution réelle du pouvoir d'achat.

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