Allemagne : Travailler plus... pour gagner moins08/03/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2014.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Travailler plus... pour gagner moins

Le quotidien Die Welt du 5 mars a indiqué qu'en 2006 le nombre d'heures supplémentaires payées a augmenté en Allemagne. Selon l'Agence fédérale pour l'emploi, les travailleurs ont effectué 1,45 milliard d'heures supplémentaires dans l'année, ce qui correspond à 41,9 heures supplémentaires par salarié. Les experts expliquent que c'est un signe de la bonne conjoncture économique.

Ces heures supplémentaires ont-elles permis d'améliorer le pouvoir d'achat de ceux qui vivent de leur travail, comme le prétend ici Sarkozy, qui en a fait un de ses thèmes de campagne ? Pas le moins du monde, d'abord parce que toutes les heures supplémentaires effectuées ne sont pas payées et donc pas comptabilisées.

Dans de nombreuses entreprises, le patronat a imposé, sous prétexte que les salaires seraient trop élevés en Allemagne et qu'on n'y travaillerait pas assez, une hausse du temps de travail sans augmentation de salaire. L'opération a d'abord eu lieu, dès la fin 2003, chez le producteur de pneumatiques Continental et le fabricant d'appareillage médical B. Braun. Elle s'est étendue ensuite dans des trusts eux aussi largement bénéficiaires comme Siemens, Daimler-Chrysler, Opel, etc. Ailleurs, des heures supplémentaires ne sont pas payées car, en raison des accords de « flexibilité », elles alimentent des comptes épargne temps.

Et puis, même rémunérées, les heures supplémentaires ne parviennent souvent qu'à combler le recul des salaires qui, si l'on tient compte de l'inflation, sont en baisse. La Fondation Hans Böckler, liée à la centrale syndicale DGB, estime qu'en 2006 les salaires ont baissé de 0,7 %, après un recul de 1,5 % en 2005 et de 1,1 % en 2004. Elle explique cette baisse par le non-respect croissant des conventions collectives salariales en vigueur. En effet, dans de nombreuses entreprises, les patrons ont obtenu, sous prétexte de « sauver l'emploi ou le site », des accords dérogatoires aux conventions tarifaires, qui leur permettent de réduire en particulier les primes de vacances et de fin d'année. En 2007, avec l'augmentation de trois points du taux de TVA, qui est passé de 16 à 19 % au 1er janvier, le pouvoir d'achat des salariés risque bien de se dégrader encore.

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