L'établissement EADS Astrium des Mureaux travaille principalement pour la fusée Ariane 5 et le lanceur qui tire les ogives atomiques depuis les sous-marins. Actuellement y travaillent 1600 salariés EADS auxquels s'ajoutent plus de 400 intérimaires et prestataires de service.

Après avoir annoncé 750 emplois supprimés, EADS Astrium prévoit à présent de s'attaquer à 891 postes, pour la plus grande partie aux Mureaux, mais aussi à Bordeaux. La direction affirme qu'aucun " plan social ", c'est-à-dire aucune mesure d'accompagnement, ne sera mis en oeuvre. Elle se débarrasserait pour commencer des prestataires de service, soit 562 postes sur les 891 licenciements prévus. Pour les 329 salariés EADS restants, elle attend une érosion " naturelle ", à savoir les démissions, les départs en retraite, les mutations et, comme elle le dit fort élégamment, les... décès.

Or les démissions sont rares, il n'y en a eu que vingt en 2006, et les départs en retraite plus encore. Le site des Mureaux a déjà subi depuis deux décennies des plans de licenciements des plus de 55 ans, un plan ayant aussi touché en 2004 des salariés plus jeunes. Il n'y a donc plus beaucoup de travailleurs près de partir en retraite. Du côté des mutations, elles ont été très rares en 2004. Restent donc les licenciements...

Comme justification de ses projets, la direction avance une baisse des plans de charge. Il y aurait selon elle moins de travail. Mais la cadence des tirs augmente, passant de 4 ou 5 à 8 dans l'année et les calculs de la direction sont de plus biaisés. Elle formule des hypothèses basées sur des tirs prétendus " classiques ", mais chacun sait, parmi nous, qu'une telle notion n'a aucun sens. Chaque tir nécessite un complément d'études et peut se heurter à un problème technique.

Cuisante démonstration, le plan 2004 misait sur une réussite du premier tir d'Ariane 5 dans sa version actuelle et une forte diminution de la quantité d'études nécessaires. Or le premier tir ayant échoué, un très gros travail sur les études s'imposait. La direction maintenant les délais envers et contre tout, une forte augmentation de la charge de travail en a résulté pour tous, y compris avec d'importantes répercussions visibles sur notre santé, dans les secteurs les plus surchargés.

Cela nous attend encore demain puisque la direction a l'intention de se débarrasser d'un travailleur sur trois. Tout cela pour augmenter ses résultats. C'est la méthode qu'elle applique en ce moment même dans son autre filiale, Airbus.