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- Lutte ouvrière n°2011
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Leur société
Villepin et les universités : Accès plus difficile pour les plus modestes
Inaugurant les nouveaux locaux de l'université Paris 7, Villepin a développé quelques-unes des banalités de la droite: «Chaque année, a-t-il dit, plus de 80000 jeunes (...) soit un sur cinq» quittent le système universitaire sans diplôme. Il a égrené ses propositions: davantage d'autonomie pour les universités, pouvoirs accrus de leurs présidents, recours au financement par le secteur privé et participation accrue de celui-ci à la direction des établissements, et enfin une augmentation des frais d'inscription. Veille d'élection oblige, les frais étaient censés être modulés selon les revenus des familles et même diminués pour certains étudiants.
Il ne s'agit pas seulement de velléités de la part d'un Premier ministre sur le départ. Sarkozy s'est prononcé à plusieurs reprises dans le même sens. Et il rencontre un large soutien dans les milieux patronaux et universitaires, qu'il s'agisse de Laurence Parisot, la porte-parole du Medef, ou de nombreux présidents d'université. Certains d'entre eux n'ont d'ailleurs pas attendu pour commencer à augmenter les frais d'inscription.
En France, l'enseignement supérieur inclut les «grandes écoles», souvent payantes, qui pratiquent une sélection rigoureuse à l'entrée et sont dotées de larges moyens financiers. Du coup, l'Université fait figure de parent pauvre, accueillant dans des conditions médiocres les étudiants qui auraient précisément le plus besoin d'être encadrés et soutenus. Un étudiant coûte aujourd'hui à l'État à peine plus qu'un collégien... et dix fois moins qu'un élève de grande école!
Mais il en va de l'enseignement supérieur comme des services publics en général: les gouvernements n'ont eu de cesse de réduire son coût au minimum, quelles qu'en soient les conséquences pour les étudiants, et pour le personnel. La réforme dite «LMD», qui a réduit l'offre de formations et augmenté le nombre moyen d'étudiants par enseignant, a été mise en place par la droite, mais elle avait été décidée et préparée par la gauche. Et aujourd'hui on parle donc de plus en plus ouvertement de soumettre l'Université à la loi du marché, d'y imposer davantage de sélection et de faire financer les études par les étudiants eux-mêmes. Ainsi, s'il y aura peut-être moins d'étudiants en échec, ce sera surtout parce qu'il y aura moins d'étudiants tout court.