La Cour des comptes et les aides au logement : L'État aurait les moyens de construire assez de logements16/02/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/02/une2011.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La Cour des comptes et les aides au logement : L'État aurait les moyens de construire assez de logements

Environ six millions de personnes touchent l'aide personnalisée au logement (APL). Mais cela atténue de moins en moins les difficultés de ceux qui en bénéficient pour faire face à des loyers trop chers.

Dans un récent rapport, la Cour des comptes confirme cette évidence, constatant que «l'efficacité sociale» de l'APL diminue car, même après son versement, le montant du loyer qui reste à la charge des ménages absorbe une part de plus en plus forte du revenu.

L'APL est loin de suivre la hausse des loyers. En effet, il existe un plafond de loyer pris en compte dans le calcul de l'aide; au-delà il reste à la charge du locataire. Or l'écart entre le loyer pris en compte et le loyer réel s'est creusé de 23% entre 1991 et 2004. Quant aux charges locatives, elles n'entrent dans le calcul de l'APL que pour une somme forfaitaire qui n'a rien à voir avec la réalité. Entre 1991 et 2004, l'augmentation de ce forfait a été inférieure de 21% à la hausse des charges locatives calculée par l'Insee.

Une autre raison du décrochage de l'APL par rapport aux loyers réels réside, explique la Cour des comptes, dans la «revalorisation insuffisante des barèmes», avec des «mesures d'accompagnement» qui réduisent les aides versées. La Cour des comptes suggère de changer la situation, mais pas en mieux. Elle propose de réduire encore le nombre de bénéficiaires de l'APL pour concentrer les aides sur les plus bas revenus. Et, toujours à la recherche de solutions qui consistent à déshabiller Pierre pour habiller Paul, la Cour des comptes propose de diminuer l'APL pour augmenter l'allocation logement (AL) que peuvent toucher des locataires à faibles revenus logés dans le secteur privé, subissant des hausses de loyer supérieures à celles des HLM.

Les aides sont insuffisantes et leurs montants se réduisent. Le nombre de ceux qui n'arrivent pas à se loger, même avec des aides, augmente sans cesse. Pourtant, les mesures à prendre pour aider l'ensemble des milieux populaires à se loger, que ce soit en HLM ou ailleurs, ne sont pas hors de portée. L'État aurait les moyens de construire des logements de bonne qualité et à bon marché, immédiatement et directement, sans recours à des promoteurs immobiliers qui ne pensent qu'à faire des affaires. Réquisitionner les terrains nécessaires, comme l'État et les collectivités publiques le font lorsqu'ils veulent construire une autoroute, est possible. Embaucher directement tous ceux qui concourent à la construction de logements, géomètres, architectes, maçons, électriciens, plombiers, etc., cela créerait immédiatement les milliers d'emplois permettant d'effectuer dans l'urgence le travail indispensable.

Voilà ce qui serait une véritable «aide» au logement des classes populaires, et le travail d'un ministère du Logement digne de ce nom: un véritable service public du logement.

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