Chez Renault : Augmentations au rabais16/02/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/02/une2011.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chez Renault : Augmentations au rabais

Le rituel est immuable: début février, Renault annonce ses résultats financiers de l'année écoulée et dans la foulée sa politique salariale pour l'année à venir.

L'année 2006, présentée comme particulièrement calamiteuse pour les constructeurs automobiles français en général et Renault en particulier, se solde par un bénéfice net de quelque 2 milliards 943 millions d'euros, le deuxième plus gros bénéfice jamais enregistré par le groupe. Ce bénéfice est certes en recul par rapport à celui de l'année précédente, mais supérieur à celui d'il y a deux ans et quasiment le triple de celui de 2001.

Le groupe Renault a d'ailleurs décidé d'augmenter le dividende par action de 29%. Carlos Ghosn doit mettre les bouchées doubles pour tenir son engagement pris envers les actionnaires en mai 2006: une progression linéaire du dividende. Quoi qu'il advienne, celui versé en 2009 sera deux fois et demi supérieur à celui versé en 2005.

Pour les augmentations de salaires, la direction Renault est beaucoup plus timorée: les années se suivent et se ressemblent mais avec, en plus, une tendance à la baisse: après 2,1% en 2005, 1,6% en 2006, cette fois pour 2007 c'est au total 1,5% (1% en mars, 0,5% en octobre).

La direction a tenu à dire qu'elle prenait en compte les salaires les plus bas: ainsi il y aura un «talon mini» de 15euros brut en mars et celui d'octobre sera de 10 euros. Quand on sait que pour le salaire brut le plus bas de l'entreprise l'écart entre 1% et 15 euros représentera 1,98euros de plus par mois, on a l'exacte mesure de cette «générosité».

La direction se permet de telles pratiques en escomptant que la prime d'intéressement calmera les esprits. La veille de l'annonce de sa politique salariale, elle donnait le montant du solde de cette prime pour 2006: pour les plus bas salaires, cela représente 2139 euros brut qui seront versés le 16 mars, s'ajoutant à «l'avance» de 427 euros versée en novembre 2006. L'intéressement au titre de 2006 sera donc au total de 2566 euros pour les salaires les plus bas: plus de deux mois de salaire pour beaucoup de travailleurs, soit plus de 200 euros par mois. Bien plus évidemment que le 1%.

La direction se croit donc dispensée d'augmenter les salaires. Mais beaucoup de travailleurs ne se laissent plus abuser: cette prime est aléatoire et certains rappellent qu'il y a tout juste dixans, elle avait été égale à zéro. Ensuite, tout le monde ne la touche pas, à commencer par les milliers d'intérimaires, qui sont la majorité du personnel de production.

Quand on sait que l'intéressement ainsi distribué ne représente qu'une infime partie des bénéfices réalisés (4%), on voit que des revendications comme «pas de salaire net inférieur à 1500 euros et une augmentation immédiate de tous les salaires de 300 euros», revendications présentées par certains comme irréalistes, ne feraient qu'écorner les profits considérables que s'accaparent les actionnaires.

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