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Tribune de la minorité
Entre les USA et l'Iran, pas d'atomes crochus?
Avec la bourde de Chirac -probablement lâchée puis retirée pour qu'il en reste quelque chose- déclarant à des journalistes qu'il ne serait «pas tellement dangereux» que l'Iran possède une bombe nucléaire, puis les propos de Sarkozy sur TF1, confirmant qu'il était l'ami des Américains mais pas pour autant favorable à leur attaque de l'Iran, on peut se demander si le gouvernement français ne tente pas de prévenir une nouvelle aventure américaine, à moins qu'il ne cherche à se placer en prévision de celle-ci? Ou les deux, la décision ne dépendant de toute façon en rien de Chirac?
La diplomatie américaine elle aussi souffle le chaud et le froid à l'endroit de l'Iran. Bush d'un côté, poursuit dans le belliqueux en affirmant que «si l'Iran intensifie son activité militaire en Irak au détriment de nos troupes et/ou du peuple irakien innocent, nous allons riposter avec fermeté», et en envoyant un second porte-avions américain dans le Golfe persique... Mais le Pentagone de l'autre, se défend de préparer la guerre contre l'Iran. Le bras de fer se poursuit entre les États-Unis et l'Iran sur la question du programme nucléaire iranien, mais les protagonistes restent prudents, et la montée des enchères n'exclut pas, voire prépare probablement un processus de négociation.
Les États-Unis sont englués en Irak mais aussi en Afghanistan. Personne ne pense que les 145milliards de dollars proposés par Bush au Congrès pour le budget militaire 2007-2008, auxquels s'ajouterait une rallonge de 100milliards de dollars pour l'année en cours, et pas davantage les 21500 soldats supplémentaires en voie d'acheminement, ne peuvent mettre fin à cette sale guerre. Seulement rapporter encore plus gros au complexe militaro-industriel américain, sur le dos des contribuables américains et du peuple irakien piégé entre occupation militaire et attentats toujours plus meurtriers. La situation irakienne tourne à la guerre civile entre chapelles et clans politico-religieux, pour ne pas dire mafias. Mais c'est bien la guerre déclenchée par l'impérialisme américain et ses alliés, jusqu'à cette exécution abjecte de Saddam Hussein, qui a transformé les braises en incendie ravageur. Au point que désormais, les forces américaines sont autant aux prises avec des factions présentes au sein du pouvoir mis en place par eux qu'avec des milices chiites irakiennes plus ou moins soutenues par le gouvernement iranien.
Il est certain que du côté gouvernemental iranien, le programme d'enrichissement d'uranium repris en 2004 comme pour narguer les États-Unis, est l'occasion d'une démagogie destinée à faire passer au second plan une situation sociale agitée. Et le nouveau président issu des élections de juin 2005, Ahmadinejad, profite des difficultés américaines pour faire assaut de pseudo anti-impérialisme, voire d'anti-sémitisme, pour les seuls intérêts de son régime. Du côté US, une escalade guerrière contre l'Iran n'est évidemment pas à exclure, mais sur fond d'actuelle débâcle de la guerre lancée en 2003, elle serait une aventure telle que les déclarations de fermeté sur l'industrie nucléaire iranienne ressemblent plutôt à une montée des enchères avant marchandage.
Rien ne garantit cependant aux USA qu'une négociation avec le gouvernement iranien permettrait d'amener au «calme» et à l' «ordre» les milices et clans chiites irakiens qui bénéficient certainement d'un soutien de l'Iran, mais jouent leur propre jeu. À l'époque de la guerre du Vietnam, la neutralité que les USA avaient trouvée auprès de la Chine n'a fort heureusement pas amené à résipiscence les combattants vietnamiens. Quant à l'ordre qui pourrait sortir de telles négociations entre la dictature iranienne et l'impérialisme, il ne serait ni la paix ni le bonheur pour les peuples. C'est le dernier souci de Bush comme d'Ahmadinejad. C'est précisément pourquoi les deux camps en présence soufflent le chaud et le froid et prennent tout leur temps. Les États-Unis en premier, prêts à sacrifier encore des milliers de vies humaines, américaines ou irakiennes, pour ne perdre ni la face... ni les marchés du pétrole ou du nucléaire.
Simone CANETTI
Convergences Révolutionnaires n° 49 (janvier-février 2007) Bimestriel publié par la Fraction
Dossier: gauche, droite, gauche... Le piège de l'alternance
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