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- Lutte ouvrière n°2010
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Leur société
Bayrou : Un «rebelle» bien conformiste
François Bayrou, candidat de l'UDF à l'élection présidentielle, se présente dans une interview au journal Le Point comme un «rebelle» et affirme qu'il est «rentré en dissidence». Cette conversation serait très récente et sans effet rétroactif, car le «rebelle» ne va pas jusqu'à regretter les quatre ans passés au ministère de l'Éducation nationale, dans les gouvernements Balladur et Juppé.
Quant à son programme politique, il est, en ce qui concerne les attaques contre les travailleurs, la copie conforme de celui de Sarkozy. Bayrou est pour que les travailleurs puissent «améliorer leurs revenus par les heures supplémentaires», mais contre les augmentations de salaire puisque, dit-il, «toute distribution de pouvoir d'achat artificielle se retournera contre l'emploi». Il est pour le «service garanti» dans les transports, c'est-à-dire pour limiter le droit de grève. Il voudrait que l'on puisse «choisir librement l'âge de départ à la retraite» et souligne que, si le montant de la retraite est jugé insuffisant, il suffit de continuer à travailler.
Bayrou est aussi partisan de «créer un environnement amical pour l'entreprise, y compris fiscal». Et, puisque les petits cadeaux entretiennent l'amitié, il propose par exemple que les entreprises soient systématiquement prévenues lorsqu'un contrôle doit y être effectué. Bayrou dit qu'il ne veut pas supprimer l'impôt sur la fortune (ISF), mais le remplacer par un impôt unique au taux de un pour mille, pour les patrimoines au-dessus de 750000 euros. On doit trembler dans les châteaux!
Pour représenter vraiment une «dissidence», Bayrou a donc encore pas mal de travail. Au fond, il ne devrait pas tant se plaindre de ne pas être invité dans les médias. Cela lui permet de faire croire qu'il aurait quelque chose à dire.