Sublistatic, Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) : Intransigeance envers les licenciés, complaisance envers les licencieurs31/01/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/02/une2009.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sublistatic, Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) : Intransigeance envers les licenciés, complaisance envers les licencieurs

Le 28 janvier, les travailleurs de Sublistatic (entreprise de 223 salariés spécialisée dans le papier transfert pour le textile d'ameublement et la mode) ont décidé, la mort dans l'âme, d'abandonner l'occupation de leur usine, en liquidation judiciaire depuis le 15 janvier. Ils ont accepté les conditions dictées par la médiatrice désignée par le ministère du Travail.

Chacun trouvait ces conditions scandaleuses. Une prime de 3000 euros sera versée au bout de trois mois à ceux qui acceptent d'adhérer à la «convention de reclassement personnalisée», pouvant être supprimée en cas de refus du reclassement proposé. Une autre prime de 7000 euros sera versée si le salarié licencié signe dans les huit mois un CDI, un CDD, ou trouve un stage de formation d'une durée de six mois au moins. Tous ceux qui ne rentreront pas dans le cadre de cette convention devront se contenter de leur maigre prime de licenciement.

Le préfet a été intransigeant avec les travailleurs, alors que les requins qui ont vidé les caisses de l'entreprise s'en sont sortis avec les poches pleines. L'entreprise est liquidée parce qu'elle aurait une dette de 28 millions d'euros. Mais cela ne vient pas du manque de commandes ni du manque de clients. Cela vient de trois LBO successives. Les LBO (Leverage Buy Out) sont des montages financiers qui permettent à des repreneurs de racheter une entreprise pratiquement sans mise de fonds propres, simplement en s'appuyant sur des prêts et sur les actifs de l'usine qu'ils reprennent.

Ainsi, en 2004, le groupe financier Acland a pu partir en empochant 14 millions d'euros de dividendes. La moitié de la dette annoncée! Le préfet et la médiatrice ont expliqué qu'il y aurait une enquête sur Acland. Mais ils n'ont pas proposé de verser aux licenciés l'indemnité de 100000 euros qu'ils réclamaient, quitte à reprendre cet argent à Acland ensuite...

La médiatrice a même fait le chantage: «C'est à prendre ou à laisser. Si vous n'acceptez pas, je repars à Paris et vous repartirez à zéro!»

Une fois de plus, des travailleurs font l'expérience que l'État est du côté des riches. Mais il faudra bien obliger les patrons à rendre des comptes.

Correspondant LO

Erratum

Dans notre numéro du 18 janvier, au lieu d'Acland nous avons écrit Atland, qui est une société existante mais n'a rien à voir avec les faits. Nous rectifions donc l'erreur et nous nous excusons de l'avoir involontairement mise en cause.

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