Sarkozy et l’ISF : L’art de supprimer l’impôt sur la fortune sans le dire31/01/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/02/une2009.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy et l’ISF : L’art de supprimer l’impôt sur la fortune sans le dire

«Il n'y aura pas de suppression de l'ISF si je suis président de la République. Il est normal que ceux qui ont les plus gros patrimoines paient davantage.» a déclaré Sarkozy dans une interview parue dans Le Monde du 23 janvier.

Sarkozy a sans doute en mémoire que Chirac avait abrogé l'impôt sur les grandes fortunes en juillet 1986, alors qu'il était Premier ministre de cohabitation de Mitterrand, et qu'on attribuait à cette décision son échec en 1998 face à Mitterrand. Prudent, il ne veut pas procéder de la même manière. Il préfère le faire sans le dire.

Car avec les mesures que promet Sarkozy, l'ISF fond comme neige au soleil! Il annonce un abaissement de 60% à 50% du «bouclier fiscal» instauré par Thierry Breton, le ministre des Finances. En d'autres termes, la somme des impôts directs acquittés par un contribuable, c'est-à-dire l'impôt sur le revenu, l'impôt sur la fortune et les impôts locaux, auxquels Sarkozy ajouterait la CSG et la CRDS, ne pourrait dépasser 50% du revenu imposable.

Sarkozy veut aller plus loin. Il propose d'ajouter un autre cadeau, qui diminuera encore plus le patrimoine assujetti à l'ISF: «J'entends (...) donner à ceux qui paient l'ISF la possibilité de déduire une somme de cet impôt, par exemple jusqu'à 50000 euros, à condition de l'investir dans les PME.»

Au total, selon une évaluation faite par le Syndicat unifié des impôts (SNUI), plus de 95% des redevables actuels de l'ISF se trouveraient de ce fait exonérés, pour peu qu'ils investissent 50000 euros dans une PME. Seuls les 20000 redevables les plus riches y resteraient assujettis, mais de façon très allégée.

Avec 3,6 milliards d'euros en 2006 l'ISF, qui pèse (si peu) sur les riches, ne rapporte déjà pas lourd à l'État, comparé aux 166 milliards d'euros récoltés avec la TVA qui pèse, elle, sur tout le monde et proportionnellement beaucoup plus sur les classes populaires. Sarkozy veut achever de vider la coquille... tout en disant le contraire.

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