Moussey (Moselle) : Bata, ou l’irresponsabilité sociale des capitalistes31/01/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/02/une2009.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Moussey (Moselle) : Bata, ou l’irresponsabilité sociale des capitalistes

Fin décembre, la multinationale Bata a définitivement liquidé tous les emplois dépendant d'elle sur le site de Moussey en Moselle. En effet le dépôt de chaussures alimentant les magasins de la marque ferme et déménage à Vatry près de Reims.

Il y a soixante-quinze ans, la famille Bata avait jeté son dévolu sur Moussey pour construire une usine de chaussures. Elle a longtemps employé plus de deux mille ouvriers. Au début des années quatre-vingt-dix, 1400 travailleurs y fabriquaient encore des chaussures.

En 2001, selon un plan mis au point des années à l'avance, elle a déposé le bilan et s'est retirée. L'usine comptait alors encore plus de huit cents travailleurs. Cinq cent trente ont été licenciés, 270 étaient repris par une société montée par un cadre Bata, payé pour faciliter le départ de la multinationale. La nouvelle société, Hello, fondée en 2002, a mis la clef sous la porte en 2005. Sur le site dit de Bataville, il ne restait plus que 41 employés de la société de logistique qui gérait l'ancien entrepôt Bata, dans une immense usine laissée à l'abandon. Ils se retrouvent au chômage, rejoignant les nombreux licenciés de 2001 et 2005 qui n'ont toujours pas retrouvé de travail: dans les communes du secteur, 10% de la population est au RMI et le taux de chômage atteint près de 12%.

Cette catastrophe sociale organisée se double d'une catastrophe pour les communes dont les recettes fiscales se sont effondrées. À Moussey, les recettes provenant de la taxe professionnelle sont passées de 96000 euros en 2001 à 5000 euros cette année. Pour la commune voisine de Réchicourt-le-Château, la moitié des recettes fiscales a disparu avec la fermeture de l'usine et l'école primaire est passée de six classes à trois.

Des générations d'ouvriers ont contribué à faire la fortune de la famille Bata, propriétaire du groupe, qui est partie planter ses sous ailleurs. Car les Bata vont bien, très bien même. Comme Johnny -mais moins médiatiquement- la famille Bata est domiciliée en Suisse. Selon le magazine suisse Bilan, elle y est l'une des trois cents plus riches familles avec un patrimoine de 2,2 milliards d'euros. Et le groupe Bata reste le plus gros fabricant de chaussures au monde avec un chiffre d'affaires estimé à plus de six milliards d'euros.

La «crise» de l'industrie de la chaussure, c'était juste bon pour justifier les fermetures d'usines. Les patrons de la chaussure, eux, n'ont jamais été aussi bien dans leurs pompes.

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