La Poste – Centre de tri J.-J. Bosc – Bordeaux-Bègles : En lutte pour les revenus31/01/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/02/une2009.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste – Centre de tri J.-J. Bosc – Bordeaux-Bègles : En lutte pour les revenus

Depuis le 4 décembre, débrayages et grèves se succèdent dans les équipes de nuit du centre de tri de Bordeaux-Bègles, sur des revendications spécifiques. Le même mouvement, à l'appel essentiellement de SUD, se déroule dans plusieurs centres du pays, avec une mobilisation diverse. Les grévistes exigent surtout une revalorisation de l'heure de nuit de 1,22 euro à 3 euros (ce qui représente plus de 200 euros par mois) et une reconnaissance de la pénibilité du travail de nuit en ce qui concerne la retraite et le temps de travail.

À Bordeaux, les 70 à 85% des 35 postiers contractuels, de droit privé, de la brigade 22h/6h débrayent une heure par jour, cinq jours par semaine depuis plus de deux mois. 80% des trente fonctionnaires de cette brigade (à qui l'administration retient une journée pour une heure de grève) se mettent en grève tous les vendredis à partir de minuit avec les postiers des brigades en deux nuits sur quatre (60 à 90% de grévistes parmi les 120 postiers). Au total, ce sont près de 150 travailleurs qui cumulent chacun entre quatre et six jours complets de grève.

Le fait marquant du mouvement est la participation des contractuels, jeunes, sans trop de traditions syndicales, de la brigade 22h/6h. Cette brigade a été imaginée par la direction pour remplacer à terme les brigades en deux nuits sur quatre, La Poste considérant ces dernières comme pas assez rentables, trop coûteuses et trop... syndiquées. Or depuis deux mois, chaque nuit, à 3 heures, à la pause, les contractuels se réunissent et décident du débrayage, et de l'heure à laquelle ils partent.

La direction envoie les chefs faire le travail, fait venir des travailleurs en heures supplémentaires. Elle a même essayé l'ouverture du centre un dimanche en journée. Malgré tout, près d'un quart du courrier prend un jour ou deux de retard et la direction, quoi qu'elle en dise, n'est pas si à l'aise que cela à l'échelle nationale avec ce mouvement. Pour preuve, la direction nationale a avancé les négociations salariales de cinq mois, ce qui a été interprété par tous comme un encouragement à continuer.

À Bordeaux, en ce qui concerne les organisations syndicales, la CGT a d'abord brillé par son absence, s'abritant derrière le caractère catégoriel de ce mouvement. Mais ses propres adhérents sont parmi les premiers à débrayer. Et comme le mouvement n'a pas faibli, la CGT a finalement posé elle aussi des préavis, locaux au centre de tri de Bordeaux, jusqu'à celui, national, du 1er février.

Parmi les grévistes, la plupart pensent qu'il n'est pas possible de faire plus que ce genre de grève et se fixent pour objectif de durer au même rythme. Faute d'une autre perspective qui leur paraisse crédible, ils mettent en avant des revendications plus catégorielles, comme celles-ci, et un mouvement sur la longueur, pensant que la revendication catégorielle est plus «gagnable «.

Les postiers de nuit ont choisi de se battre seuls pour revaloriser leurs revenus, comptant avoir la direction à l'usure, et on ne peut être que solidaire de leur lutte.

Mais, face à la multitude des attaques sur les salaires, les conditions de travail et l'emploi, ce qui serait nécessaire serait pourtant de créer un rapport de force au moins à l'échelle de toute La Poste, même si ce n'est manifestement pas la préoccupation des fédérations syndicales.

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