États-Unis : L’opposition à la guerre en Irak grandit31/01/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/02/une2009.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : L’opposition à la guerre en Irak grandit

Samedi 27 janvier des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés à Washington pour exiger le retour immédiat des troupes américaines engagées en Irak. Ils ont évidemment conspué le président Bush et l'administration républicaine, responsables directs de cette guerre. Mais ils ont aussi exigé du Parti Démocrate, dans l'opposition mais devenu majoritaire au Parlement, qu'il s'engage lui aussi vraiment contre la guerre.

Les parlementaires démocrates, dont les leaders brillaient par leur absence à la manifestation, ont été élus grâce au rejet par l'opinion de la guerre et de ses promoteurs républicains. Mais à l'exception d'un simulacre d'opposition parlementaire, ils ne font rien pour empêcher Bush d'intensifier la guerre. Tout au plus espèrent-ils qu'il règle la question avant qu'eux-mêmes ne reviennent au gouvernement. Et ils lui laissent les mains libres pour le faire comme il l'entend, c'est-à-dire en continuant la guerre et en augmentant la puissance de l'armée d'occupation.

Pour ce faire 215 00 soldats supplémentaires viennent d'être envoyés en Irak. Il y a donc aujourd'hui 160000 militaires américains sur place, plus 40000 hommes stationnés en permanence dans le golfe Persique et qui peuvent intervenir à tout moment, plus deux porte-avions et leurs escadres ainsi que des navires armés de missiles. L'action de cette armada ne fait que contribuer à plonger un peu plus chaque jour l'Irak dans le chaos et la barbarie.

Ainsi, dimanche 28 janvier, l'armée américaine aurait fait sa plus grande opération depuis la «fin de la guerre», dans le but, d'après elle, d'empêcher des attentats contre les pèlerins venus dans la ville de Najaf pour une fête religieuse chiite. L'aviation a bombardé une localité située à 20 kilomètres de cette ville, puis les chars l'ont investie, protégés par les hélicoptères et suivis par l'infanterie. Le bilan donné par l'armée américaine est de 300 Irakiens tués et 130 prisonniers. Deux soldats américains ont péri. On ne sait rien des femmes, des enfants, des vieillards qui habitaient à cet endroit. Ni de l'état de leurs maisons, de leurs possibilités de se soigner, de se nourrir, de vivre, tout simplement.

Aujourd'hui, le refus de cette guerre s'exprime jusque dans les rangs de l'armée, pourtant composée, pour l'instant, de «volontaires». Si on peut parler de volontariat à propos d'hommes et de femmes pour qui l'armée apparaissait comme un espoir pour sortir de la misère, acquérir une qualification ou même la nationalité américaine.

Ce dégoût se traduit par le refus de retourner en Irak, allant jusqu'à la désertion des permissionnaires, et par les difficultés de l'armée à recruter de nouveaux soldats. De plus, sur le 1,4 million de soldats qui sont passés par l'Irak, 500 000 n'ont pas renouvelé leur engagement et ont quitté l'armée.

1200 soldats d'active, dont nombre de militaires servant en Irak, ont même signé une pétition exigeant la fin de la guerre, bravant ainsi la hiérarchie au risque d'être mis en prison ou envoyés délibérément dans les zones les plus dangereuses.

La guerre en Irak ressemble de plus en plus à la guerre du Vietnam. Non seulement parce que l'armée américaine ne peut y remporter aucune «victoire», mais aussi parce qu'une partie croissante de la population américaine, y compris les soldats, la rejette, et commence à s'y opposer de façon déterminée.

Partager