Thomson (Angers) : Licencier sans le dire, en payant le moins possible24/01/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/01/une2008.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Thomson (Angers) : Licencier sans le dire, en payant le moins possible

Thomson poursuit la diminution des effectifs à Angers. Il y a déjà eu, il y a à peine trois ans, la vente d'une partie de l'entreprise à TCL (une société chinoise qui a racheté la fabrication des téléviseurs à Thomson) avec plus d'une centaine de techniciens. Ces salariés sont aujourd'hui licenciés, alors que les dirigeants de Thomson avaient vanté à l'époque cette vente comme une opportunité à saisir, comme une solution d'avenir pour tous ceux qui étaient concernés.

Par la suite, quarante d'entre nous ont été transférés à A-Novo, une usine récente implanté à Angers avec l'aide substantielle des collectivités locales. Là encore, la direction a présenté cela comme l'affaire du siècle pour ceux d'entre nous qui y ont été transférés d'office et pour ceux qui accepteraient de les rejoindre. Affaire du siècle! La direction d'A-Novo a avoué dans la presse qu'à l'époque l'entreprise était pratiquement en cessation de paiement et qu'il s'agit quasiment d'un miracle qu'elle soit encore vivante.

Aujourd'hui, c'est encore 140 travailleurs (en plus des 110 départs en préretraite) que la direction veut convaincre d'être volontaires au départ en proposant des postes dans les entreprises style A-Novo ou en s'inscrivant dans une des entreprises soi-disant spécialisées dans la reconversion des travailleurs licenciés. Autant dire, bien que la direction refuse d'employer le terme, qu'il s'agit bel et bien d'un nouveau plan de licenciements. Encore plus hypocrite et plus cynique que les plans dits «sociaux» classiques. En effet il faudrait que nous soyons volontaires au licenciement avec des conditions financières qui, dans un premier temps, étaient à peine supérieures aux indemnités légales de licenciement. Il faudrait perdre notre ancienneté, accepter des postes payés au smic, et cela dans des entreprises dont la durée de vie est tout sauf garantie et, en contrepartie de ces risques, partir avec des sommes sans doute inférieures à ce que Thomson serait obligé de verser en cas de licenciement classique.

Eh bien, il n'y a aucune raison que nous acceptions d'être «volontaires» et, si la direction veut en trouver, il va falloir qu'elle augmente sérieusement les sommes qu'elle propose. Elle se dit choquée que nous soyons nombreux à raisonner en termes financiers, mais c'est quand même extraordinaire que ces patrons qui ont l'habitude de chiffrer les risques, qui demandent des intérêts d'autant plus élevés que les risques sont grands, se retrouvent choqués quand c'est nous qui réclamons le prix des risques qu'ils veulent nous faire prendre.

Pour l'instant, une manifestation en ville, plusieurs réunions d'information et des débrayages ont regroupé entre cent et trois cents travailleurs, et cela bien que la direction ait mis une centaine d'entre nous au chômage pendant trois semaines au mois de janvier. Il a suffi de cela pour que la direction trouve les moyens d'améliorer les sommes proposées. Certes, cela est encore notoirement insuffisant, mais cela prouve qu'elle avait bien l'intention de nous arnaquer.

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