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- Lutte ouvrière n°2008
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Leur société
Plus de cinquante ans après l’appel de l’abbé Pierre : Toujours un manque criant de logements sociaux
Plus de cinquante ans après l'appel de l'abbé Pierre, les plus pauvres vivent toujours une crise du logement insupportable, même si la situation s'est globalement améliorée.
Certes, au sortir de la guerre, la vie était particulièrement dure, les sans-abri se comptaient par dizaines de milliers. Mais depuis ces années-là aucun gouvernement n'a pris en main la construction de logements avec la volonté de mettre fin au manque de logements et de satisfaire les besoins de l'ensemble de la population, de façon à ce que personne -vraiment personne- ne manque d'un toit où s'abriter.
En 1948, le gouvernement reconnaissait officiellement qu'il aurait fallu «construire 20 000 logements par mois» pour faire face à la situation mais, entre 1948 et 1952, seuls 175 000 logements neufs furent construits, dont seulement 45 000 pouvant être qualifiés de sociaux.
Dix ans plus tard, il manquait toujours quatre millions de logements, soit à peu près autant qu'au lendemain de la guerre. Un quart de ceux qui existaient étaient surpeuplés et 20% d'entre eux n'avaient pas l'eau. Il faudra attendre les années soixante pour que l'État investisse vraiment dans la construction de logements sociaux, afin de répondre en particulier au fort accroissement de la demande de logements liée à l'arrivée des rapatriés d'Algérie... sans toutefois résorber le mal-logement. Les derniers bidonvilles ne disparaîtront qu'au milieu des années soixante-dix.
De 100 000 en 1963, les mises en chantier annuelles de logements HLM montèrent à plus de 20 0000 en 1972. Mais cette progression fut de courte durée. Dès l'année suivante, la construction sociale a baissé à 167 000 unités et à 110 000 en 1977. La baisse s'accentua encore dans les années quatre-vingt et suivantes, où il n'y eut que 50 000 nouveaux logements construits chaque année.
Depuis, la construction sociale n'a cessé de prendre du retard. Aujourd'hui, Borloo se félicite des 47000 constructions sociales mises en chantier en 2006 et promet de faire mieux cette année. C'est pourtant notoirement insuffisant, puisque dans ce pays on compte encore 100 000 personnes qui n'ont pas de logements du tout et plus de 3,2 millions de personnes qui sont très mal logées, dans des habitats de fortune, des hôtels, des centres d'hébergement, des caravanes, dans des locaux qualifiés d'insalubres, sans WC, sans salle d'eau ni système de chauffage.
Pour résoudre une fois pour toutes la crise du logement des plus modestes, il faudrait faire de la construction un service public, mettant des logements à prix coûtant et à loyer modéré à la disposition de tous ceux qui en ont besoin.