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Leur société
Pfizer licencie : Tous les culots !
Le groupe pharmaceutique Pfizer, premier laboratoire mondial, vient d'annoncer pour 2006 un bénéfice de 15milliards de dollars (en hausse de 3% par rapport à 2005) pour un chiffre d'affaires de 48 milliards de dollars (en hausse de 2%). Mais en même temps Pfizer annonce la suppression d'ici 2008 de 10000 emplois dans le monde, soit un emploi sur dix.
En France, sur 3600 salariés, près de 500 personnes seront licenciées, dont 350 visiteurs médicaux et 154 travailleurs du centre de recherche et de développement d'Amboise.
La raison avancée et reprise par toute la presse est que Pfizer serait un géant aux pieds d'argile, qui subirait de plein fouet la concurrence des médicaments génériques. Ainsi les ventes de son médicament anticholestérol, premier médicament vendu dans le monde, commercialisé en France sous le nom de Tahor, ont diminué de 1% en 2006, du fait de la concurrence du médicament générique le Zocor, un autre anticholestérol du laboratoire MSD. Le Tahor a tout de même rapporté la bagatelle de 13 milliards de dollars à Pfizer.
Deux autres géants de l'industrie pharmaceutique, Sanofi-Aventis, quatrième laboratoire mondial, et BMS, dixième, auraient eux aussi des soucis avec leur médicament anticoagulant, le Plavix, qui est le deuxième médicament le plus vendu au monde. Là encore, la concurrence d'un générique du Plavix, moins cher de 40%, a fait chuter les ventes, bien que Sanofi-Aventis et BMS aient obtenu aux USA l'arrêt de la commercialisation de ce générique trois semaines après sa sortie. Un procès, qui a débuté le 22 janvier, doit statuer sur le droit de commercialiser un générique du Plavix avant 2011, à l'expiration de son brevet.
En fait, les trusts de l'industrie pharmaceutique ont tous les culots. Ils voudraient nous faire croire qu'ils sont en difficultés parce que les médicaments, Tahor mais aussi Viagra pour Pfizer ou Plavix, qui leur ont rapporté des milliards de dollars pendant la durée de leur brevet commercial, sont ou vont être génériqués et vendus au moins 30% moins cher. Certains prétendent même que cette concurrence des génériques les oblige à limiter leurs efforts de recherche!
Mais rien ne les empêcherait, pour lutter contre la concurrence des génériques, de vendre leurs produits au même prix que ceux-ci. C'est d'ailleurs ce qu'avait fait Beecham, le fabricant de l'antibiotique Clamoxyl, qui en s'alignant sur le prix des génériques avait reconquis la première place du marché. Alors, bien sûr, ils n'engrangeraient plus des bénéfices aussi faramineux mais, pendant les quinze ans de monopole accordés par le brevet, ils ont pu largement rentabiliser leurs investissements dans la recherche et le développement de médicaments nouveaux.
Mais, pour les patrons de l'industrie pharmaceutique, il est plus facile de pressurer un peu plus leurs salariés ou de leur montrer la porte. Le patron de Pfizer vient de confirmer à ses actionnaires l'augmentation de 26% de leurs dividendes. Preuve s'il en était besoin que ces trusts, qui comptent parmi les plus puissants du monde, ont de l'argent et que ce n'est pas à leurs salariés de payer les frais de leurs prétendues difficultés à maintenir leurs profits.