Renault-Sovab – Batilly (Meurthe-et-Moselle) : Trois jours de grève contre les sous-effectifs font reculer la direction17/01/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/01/une2007.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault-Sovab – Batilly (Meurthe-et-Moselle) : Trois jours de grève contre les sous-effectifs font reculer la direction

Pas question de rajouter des postes sur les chaînes, tel était le leitmotiv de la direction de l'usine Renault-Sovab de Batilly depuis la reprise de la production début janvier. Elle a dû changer de registre après les trois jours et demi de grève qui ont bloqué tout le Montage, lui faisant perdre près de 700 véhicules.

Depuis début janvier, c'était la folie sur les chaînes du Montage. Avec l'arrêt temporaire de production du Mascott, un petit camion, et la baisse de fabrication du Master, le fourgon Renault, quinze postes par tournée avaient été supprimés. Tous les intérimaires (210 au Montage sur les 400 de l'usine) ont été licenciés fin décembre. Le manque de personnel, déjà criant, rendait les postes de travail vraiment intenables.

Mardi matin 9 janvier, l'UET 1 de la Sellerie (Unité Élémentaire de Travail), située en entrée du Montage, a débrayé une heure en exigeant un poste. Le lendemain après-midi, d'autres UET ont débrayé. Et du jeudi au lundi la grève s'est répandue dans tout le Montage et sur les deux équipes, à l'initiative de la CGT, rejointe par tous les syndicats CFTC, UNSA, CFDT, SUD, FO.

Environ 80 ouvriers de fabrication par tournée (sur 200) ont été en grève. Une grève comme nous n'en avions pas connu: pour la première fois, les grévistes ont fait le tour de tous les ateliers, le Montage, bien sûr, mais aussi la Tôlerie et la Peinture, dans une ambiance joyeuse avec mégaphone et trompes.

La direction a dû en rabattre et changer de ton. Elle a eu bien du mal en tentant de mobiliser des travailleurs dans d'autres ateliers pour remplacer les grévistes. Des chefs, des cadres ont bien essayé de faire tourner les chaînes, mais ils n'ont fait qu'alimenter... l'atelier de retouches.

La direction ne voulait discuter qu'avec les syndicats, mais elle a dû s'expliquer et négocier devant une forte délégation de travailleurs qui ont vidé leur sac. Finalement, elle a dû céder sur le rétablissement de cinq postes sur les quinze supprimés et a annoncé l'embauche d'intérimaires pour soulager certains tronçons de chaînes. Ce qui n'était pas possible l'est devenu grâce à la grève dont deux heures ont été payées, le reste étant retenu sur trois mois.

Le sentiment général est d'avoir fait reculer une direction qui a beaucoup perdu de son arrogance. Mardi 16 au matin, les grévistes ont repris le travail, sans se presser, et avec le sourire.

En 2006, la direction avait fêté un record absolu de production: 120000 véhicules dans l'année, battant le précédent record de 2005. Un record sur fond de dégringolade des effectifs. Ceux-ci sont passés de 3126 en janvier 2005 à 2779 en janvier 2006, et 2525 actuellement! Autant dire que les travailleurs ont fini 2006 sur les rotules. Ils ont mieux démarré 2007 en faisant reculer la direction.

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