Pour la première fois depuis dix ans la consommation de l'électricité a légèrement baissé en France. Elle a pourtant augmenté de 4% chez les particuliers, mais elle a davantage diminué pour les entreprises.

Il est vrai que les particuliers sont toujours, jusqu'au 1er juillet de cette année, sous le régime des prix réglementés, tandis que les patrons sont soumis aux prix du marché, du moins pour ceux qui ont abandonné leurs contrats avec EDF. Or les prix du marché ont augmenté de 60% à 80%. Du coup certaines entreprises consomment moins.

Les patrons -et pas seulement en France- se plaignent. Selon le représentant des très gros consommateurs, la flambée des prix entraînerait une perte de compétitivité et même des délocalisations.

Cette hausse des prix n'est absolument pas justifiée par la flambée du cours du pétrole. En France -cela varie un peu selon les années- 80% du courant est produit par le nucléaire, 15% par l'hydraulique et seulement 5% par les centrales thermiques ou éoliennes. Or pour le nucléaire et l'hydraulique, il n'y a rien eu de changé, les prix de revient sont toujours très bas. Ce n'est pas le cas des pays voisins, où le secteur thermique est majoritaire, et où les hausses du gaz et du pétrole expliquent en partie la hausse de l'électricité. Alors pourquoi l'électricité augmente-elle en France? Pour la simple et unique raison qu'EDF s'aligne sur la concurrence. Et EDF espère étendre cette politique aux clients particuliers, dès qu'autorisation lui en sera donnée!

Parallèlement les autorités européennes veulent accélérer la libéralisation du marché de l'énergie, électricité et gaz, notamment en séparant complètement la production et le transport haute tension. En fait, les deux sont déjà séparés, en France notamment. À côté d'EDF producteur et distributeur, il y a le RTE, Réseau de transport d'électricité, pour le moment filiale d'EDF. Les autorités de l'Union européenne souhaitent qu'EDF se désengage totalement du RTE et le revende, de façon que le marché soit complètement «libre». Ce que pour le moment le gouvernement français refuse.

Il existe encore en Europe quelques îlots qui sont épargnés par la hausse, notamment le marché des particuliers en France. L'objectif, apparemment, c'est de faire cesser cette «anomalie» et que tout le monde soit plongé dans le même bain dément du marché.

Ceux qui expliquaient que la concurrence entraînerait la baisse des tarifs ont menti: son introduction, avec son corollaire la privatisation, a entraîné partout en Europe une hausse des prix que payent et payeront les consommateurs.