Le prétendu problème des retraites : Les patrons doivent payer leur juste part17/01/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/01/une2007.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le prétendu problème des retraites : Les patrons doivent payer leur juste part

Augmenter la durée de cotisation pour bénéficier d'une retraite à taux plein, en repoussant cette obligation au-delà des 41ans déjà prévus dans la loi de 2003; revoir le montant des pensions de retraite: voilà deux des principaux axes proposés par le Conseil d'orientation des retraites dans son rapport remis le 11janvier. Mais ce Conseil n'est que l'instrument du gouvernement en place pour préparer les esprits à de nouvelles mesures et faire travailler (ou être au chômage!) plus longtemps pour une retraite encore réduite.

Les travailleurs vivraient trop vieux, voilà pourquoi il faudrait réduire les droits à la retraite. Mais d'abord, l'espérance de vie n'est pas équitablement partagée, car elle est fonction des conditions de travail imposées pendant toute une vie. Quoi de commun entre un riche actionnaire rentier et oisif, un conseiller d'État, un haut fonctionnaire, et un ouvrier sur les chaînes d'automobiles, sur les chantiers du bâtiment ou encore un employé des centres d'appel? Il est normal et juste que les travailleurs exploités pendant des dizaines d'années aspirent à partir le plus tôt possible et à toucher des pensions de retraite qui ne sont en réalité qu'un salaire différé.

Maintenant on ajoute qu'il y aurait «un déficit plus grand que prévu» et «la nécessité de respecter les équilibres financiers voulus par le gouvernement». Ce «déficit» aurait atteint 2,4milliards d'euros en 2006, voire plus en 2007.

Or ce n'est pas l'évolution du montant des pensions qui en est responsable. Une des causes reconnues par le rapport pour ce déficit est le montant moindre des cotisations, du fait que les salaires des actifs n'ont pas augmenté autant que ce qui avait été prévu en 2003.

Le rapport avoue aussi que, depuis 2002, même selon les indices officiels, il y a eu une baisse globale du pouvoir d'achat des retraites. Il enregistre depuis 1998 l'aggravation du décrochage entre l'évolution des salaires et celles des retraites, qui ont augmenté deux fois moins vite que les salaires.

Quant au déficit de la Caisse nationale d'assurance vieillesse, il est ridicule en regard du déficit que décide chaque année le gouvernement sur le budget de l'État pour distribuer au patronat cadeau sur cadeau: un déficit vingt-trois fois plus élevé que celui annoncé pour les retraites. De plus le déficit de la CNAV est en partie alimenté par les dettes impayées de l'État, qui puise dans la caisse des salariés pour alimenter les autres caisses. Sans parler des dettes des entreprises.

Trouver l'argent pour financer le paiement de retraites décentes pour tous à 60ans ne serait pas difficile. Indépendamment de la baisse du chômage, il suffirait d'augmenter les salaires, et donc les cotisations sociales qui vont avec, pour rattraper le retard accumulé depuis des années. C'est tout à fait possible: les bénéfices des seules quarante premières entreprises françaises, celles du CAC40, ont augmenté de 27% en 2005, dernier exercice connu, pour atteindre 87 milliards d'euros, avec plus de 22milliards de dividendes distribués à leurs actionnaires. Au niveau de toutes les entreprises, ce sont des centaines de milliards de bénéfices qui sont officiellement déclarés, sans compter les profits cachés mais bien réels. Voilà où il faut frapper, et nulle part ailleurs.

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