La France qu’aime Sarkozy, c’est celle des possédants17/01/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/01/une2007.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

La France qu’aime Sarkozy, c’est celle des possédants

Lors de son intronisation à grand spectacle comme candidat de l'UMP à la présidence de la République, Sarkozy, se voulant rassembleur, s'est écrié que sa France, «c'est celle de tous les Français qui ne savent pas très bien au fond s'ils sont de droite, de gauche ou du centre». Mais en ce qui le concerne lui, les choses sont claires, il suffit de voir les mesures qu'il propose (et pour lesquelles il s'était pour l'essentiel déjà prononcé avant le congrès de l'UMP) pour savoir qu'il est du côté des possédants et contre les travailleurs.

Pour ces derniers, il a repris l'idée du «contrat unique», qui n'est que la généralisation du «contrat nouvelles embauches», avec sa période d'essai de deux ans, que le Medef réclame à cor et à cri, et qui ne peut qu'aggraver la précarité. Pour bénéficier d'indemnités de chômage, les travailleurs licenciés ne pourront pas «refuser plus de deux offres d'emploi successives», sans autre précision sur le type d'emploi, le salaire ou le lieu. Et pour améliorer le pouvoir d'achat des salariés, la recette de Sarkozy est simple: les heures supplémentaires... qui seront en outre exonérées de cotisations sociales pour les employeurs.

Le droit de grève donne aussi des boutons à Sarkozy. Il s'est engagé, s'il est élu, à créer dès juillet 2007 un service minimum dans les services publics et à faire voter une loi prévoyant, au bout de huit jours de conflit, «l'obligation d'organiser un vote à bulletin secret» dans l'entreprise, pour que «la dictature des minorités violentes ne puisse plus imposer sa loi sur la majorité qui veut travailler». Vote auquel évidemment tous les non-grévistes, toute la maîtrise, l'encadrement -pourquoi pas le PDG- seront invités à participer.

Pour Sarkozy, quand des travailleurs, en arrêtant le travail, démontrent qu'ils sont indispensables à la marche de l'entreprise, c'est la «dictature» d'une «minorité violente». Mais quand un conseil d'administration décide de jeter à la rue des milliers de travailleurs qui ne demandent qu'à travailler, c'est le jeu normal de l'économie.

À l'intention de l'électorat fortuné, Sarkozy a déclaré qu'on «n'a pas à s'excuser d'avoir un patrimoine en contrepartie de son travail». Mais à l'issue de toute une vie de travail, des millions de salariés n'ont pratiquement aucun «patrimoine». Et c'est de l'exploitation de tous ces salariés que sont nés les gros patrimoines, ceux des Dassault, des Bouygues et autres Lagardère, et ceux peut-être plus modestes, mais tout de même substantiels, de toute la classe bourgeoise. C'est à l'intention de ces gens-là que Sarkozy promet que, s'il est élu, ils pourront «transmettre en franchise d'impôt» leur héritage. Comme c'est à leur intention qu'il entend ramener à 50% de leurs revenus le montant maximum de ce qu'ils peuvent avoir à payer au fisc (CSG et CRDS comprises), montant qui avait déjà été plafonné à 60% à partir du premier janvier.

Tous les discours de Sarkozy pour se poser en «rassembleur de tous les Français» (campagne électorale oblige, puisque les pauvres votent aussi) ne peuvent pas masquer qu'il est au service exclusif des possédants.

Evidemment, ce n'est pas parce que Sarkozy serait élu président en avril-mai prochain que les travailleurs, restrictions du droit de grève ou pas, n'auraient plus le moyen de se défendre. Bien d'autres gouvernements de droite ont dû, dans le passé, remballer les mesures qu'ils avaient prises contre la classe ouvrière, devant la réaction de celle-ci.

Mais on ne peut malgré tout que souhaiter la défaite de Sarkozy lors des prochaines élections présidentielles et, par la même occasion, celle de tous ces hommes de droite qui en ont fait leur champion. Mais la candidate désignée par le Parti Socialiste est loin de se prononcer clairement pour l'abrogation de toutes les mesures prises par cette droite, qui ont mis à mal le système des retraites, la Sécurité sociale, et multiplié les cadeaux fiscaux aux plus riches.

Raison de plus pour voter, le 22 avril, pour Arlette Laguiller, la seule candidate qui s'est toujours située sans compromis dans le camp des travailleurs.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 15 janvier

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