Irak - L’annonce d’une «nouvelle stratégie» : Bush veut intensifier la guerre17/01/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/01/une2007.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak - L’annonce d’une «nouvelle stratégie» : Bush veut intensifier la guerre

En fait de «nouvelle stratégie», c'est un renforcement de la présence américaine en Irak que Bush a annoncé le 10 janvier dernier. Il s'agit dans un premier temps d'envoyer 21500 soldats supplémentaires, et Bush se réserve la possibilité d'en envoyer encore davantage dans quelques mois. Deux mois après la défaite électorale des Républicains, qui a été interprétée comme un désaveu cinglant de la politique guerrière de Bush en Irak, celui-ci promet donc une intensification de la guerre.

Cette guerre, déclenchée il y a près de quatre ans par l'armée américaine, a plongé l'Irak dans un chaos sanglant dont le prix fort est payé par la population irakienne, puisque l'on estime que 650000 civils ont été tués. Elle a aussi coûté plus de 3000 morts et des dizaines de milliers de blessés à l'armée américaine.

Contrairement à ce que Bush affirmait il y a encore quelques semaines, les États-Unis ne sont pas en train de gagner la guerre, et les soldats supplémentaires ne vont rien y changer. Il est d'ailleurs fort probable que le gouvernement américain finisse par suivre les recommandations de la commission Baker, qui préconise de rechercher une issue politique au conflit en négociant un accord global avec l'Irak et la Syrie et en faisant quelques gestes pour apaiser les tensions au Moyen-Orient, ce que certains appellent «relancer le processus de paix».

Mais pour l'instant, Bush ne veut pas se déjuger, lui qui a maintes fois stigmatisé l'Iran et la Syrie comme des États voyous, faisant partie de «l'axe du mal». Et puis surtout, il n'a pas renoncé à remporter quelques succès, ne serait-ce qu'à Bagdad où l'essentiel des troupes supplémentaires doit être concentré, pour renforcer l'encadrement des forces de répression irakiennes. Même s'il doit un jour négocier, il cherche à être, sinon en position de force, du moins en moins mauvaise position à la table des négociations, quitte à prolonger une aventure militaire désastreuse que l'opinion publique américaine voudrait voir prendre fin.

Quant aux Démocrates, qui se trouvent maintenant majoritaires tant à la Chambre des représentants qu'au Sénat, ce n'est pas eux qui vont agir pour mettre un terme à la guerre et faire revenir les troupes. La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a tout au plus déclaré que «si le président choisit d'intensifier la guerre, nous voulons voir dans son budget la distinction entre ce qui est alloué aux troupes actuellement sur le terrain et ce que le président veut en plus pour les renforts. Il devra alors le justifier.»

Elle avait d'ailleurs affirmé clairement que les Démocrates voteraient les crédits de guerre pour les troupes déjà sur le terrain, renonçant donc à tout retrait immédiat, même partiel. Quant à trouver des justifications à l'envoi de renforts, c'est Nancy Pelosi elle-même qui les a suggérées, avant même l'allocution de Bush, en affirmant que son parti n'était pas opposé à une augmentation globale des effectifs «pour protéger le peuple américain contre toute menace contre nos intérêts», mais que Bush devra s'en expliquer.

C'est dire que, si les Démocrates refusent de donner à Bush «un chèque en blanc», comme l'affirme Pelosi, ils sont tout de même prêts à lui donner le gros chèque qu'il demandera pour poursuivre la guerre.

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