Il y a cinquante ans : La naissance de la quatrième République17/01/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/01/une2007.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Il y a cinquante ans : La naissance de la quatrième République

Le 16 janvier 1947, le socialiste Vincent Auriol était élu président de la République et de l'Union française par le Parlement réuni en Congrès. Ce fut l'acte de naissance de la IVeRépublique.

Au sortir de la guerre, après l'écroulement du régime de Vichy, trois partis dominaient la vie politique: le PCF, le Parti Socialiste et un parti de droite, le MRP qui, à l'Assemblée constituante élue en octobre 1945, obtinrent les quatre cinquièmes des sièges. Le PCF et le Parti Socialiste détenaient, à eux seuls, la majorité absolue. Le PCF, avec plus de 26% des voix, était devant le PS et disposait de 159 élus sur 579.

Ce «tripartisme», c'est-à-dire l'alliance de ces trois partis pour se partager les postes de ministres, se plaça sous la houlette de De Gaulle. Mais en janvier 1946, de Gaulle démissionna, la nouvelle Constitution que préparait l'Assemblée ne lui convenant pas. Il était partisan d'un chef de l'État doté, disait-il, d'un «pouvoir fort», «placé au-dessus des partis», qui «nomme les ministres et, d'abord, bien entendu, le Premier, qui devra diriger la politique et le travail du gouvernement.» Le projet de Constitution, à l'initiative du PCF et du PS, prévoyait au contraire un président aux pouvoirs limités et élu par l'Assemblée nationale, composée d'une seule Chambre, le Sénat étant aboli. Ce «régime d'assemblée» fut rejetée par 53% des voix lors d'un référendum le 5 mai 1946.

Le PCF et le PS proposèrent alors un nouveau projet en recherchant un compromis avec le MRP: ils attribuèrent un rôle un peu plus important au président de la République et ils acceptèrent une deuxième Chambre. Le MRP accepta ce texte tandis que de Gaulle, lui, ne ménageait pas ses critiques. Lors d'un nouveau référendum le 13 octobre, cette Constitution fut adoptée par 53,2% des votants (mais seulement par 36,1% des électeurs inscrits).

Dans l'Assemblée nationale, élue le 10 novembre 1946 dans le cadre de la nouvelle Constitution, le PCF était à nouveau le premier parti avec 5,5 millions de voix (28%). Le PCF se voulait un parti de gouvernement comme les autres. Il avait travaillé à remettre en selle l'État français et s'était mis au service de la bourgeoisie française. Il s'opposait aux grèves qualifiées d'«armes des trusts».

Pas une voix communiste ne manqua à Vincent Auriol lors du vote des Chambres qui l'élurent président de la République. Le PCF présenta cette élection comme une grande victoire de la gauche.

Mais au mois de mai, le PCF fut exclu du gouvernement par le président du conseil socialiste, Ramadier, pour avoir voté contre la politique salariale du gouvernement. Il n'avait pas pu empêcher la grève qui s'était déclenchée le 25 avril à Renault-Billancourt, et ne voulait pas être débordé sur sa gauche. La bourgeoisie française lui reprochait aussi ses liens avec l'URSS à un moment où les relations entre le monde impérialiste et l'URSS se détérioraient, où l'on entrait dans ce qu'on appellera la guerre froide. Dès lors, les autres partis politiques refusèrent systématiquement de s'associer au PC, alors qu'il continuait de représenter un bon quart de l'électorat. La Constitution de la quatrième République, née à l'époque du tripartisme, et adaptée à ce système, devenait du coup la source d'une constante instabilité gouvernementale, qui ne prit fin qu'avec le retour au pouvoir de De Gaulle en 1958.

Quant au PCF, il lui faudra attendre 1981 pour être de nouveau reconnu comme «un parti de gouvernement». Et il y perdit les trois quarts de son électorat!

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