Allemagne : Travailler jusqu’a épuisement ou avoir une retraite de misère17/01/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/01/une2007.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Travailler jusqu’a épuisement ou avoir une retraite de misère

C'est fin janvier que le projet de loi présenté par le gouvernement de coalition CDU-SPD, et qui prévoit l'élévation de l'âge légal de la retraite de 65 à 67 ans, va passer en deuxième lecture au Bundestag, le Parlement allemand. Son adoption est prévue début février. L'augmentation doit se faire progressivement entre 2012 et 2029. Toutes les générations nées à partir de 1964 devront donc travailler jusqu'à 67 ans, si elles veulent avoir une retraite complète.

Or, déjà aujourd'hui, 55% des 55 à 64 ans sont soit en préretraite soit au chômage. Et personne ne se voit s'épuiser au travail jusqu'à 67 ans, en particulier dans l'industrie. En réalité, l'augmentation de l'âge du départ en retraite signifiera pour beaucoup des annuités en moins, et donc des pensions de retraite amputées. Or, selon le président de la Fédération sociale VdK, Walter Hirrlinger, «déjà la moitié des retraités en Allemagne n'ont pas plus de 1000 euros par mois».

Ce sont donc des retraites de misère qui s'annoncent. Ou alors il faudra cotiser à des caisses privées complémentaires, ce que tous les salariés ne pourront pas se permettre. Dans tous les cas, il s'agira d'une dégradation considérable de la situation du monde du travail.

Quant aux plus âgés, s'ils ne sont pas concernés par la nouvelle loi, ils ne sont pas à l'abri des attaques futures. D'autant que les pensions de retraite sont bloquées depuis plusieurs années.

Pour protester contre cette «réforme», les fédérations syndicales IG Metall (métallurgie) et Ver.di (services) appellent à des actions fin janvier, qui doivent aller de réunions d'information, comme chez Ford à Cologne, à des rassemblements devant les entreprises ou à des manifestations de rue. Mais rien de centralisé n'est prévu, alors que cela pourrait permettre de montrer l'étendue et la force du mécontentement.

Cela est en phase avec l'attitude de la confédération syndicale DGB. Elle avait organisé le 21 octobre dernier (un samedi) cinq rassemblements régionaux contre la politique sociale du gouvernement, qui avaient réuni au total 200000 manifestants. Mais aucune revendication concrète n'avait été mise en avant. Et le slogan retenu pour ces manifestations était on ne peut plus flou: «Politique sociale? Cela va mieux! mais pas tout seul.»

Pourtant le mécontentement est là, et quand localement des militants combatifs appellent les travailleurs à l'action, ceux-ci répondent présents. Ce fut le cas en particulier le 6 décembre à Salzgitter, où plusieurs milliers de travailleurs de VW, Bosch, MAN et d'autres entreprises ont débrayé et manifesté contre la retraite à 67 ans.

Et beaucoup se rappellent qu'à l'automne 1996, lorsque le chancelier de droite Helmut Kohl avait voulu s'en prendre au maintien du salaire en cas de maladie, il avait dû reculer devant la mobilisation qui s'était exprimée dans les entreprises. Il serait certainement possible de faire remballer au gouvernement ses attaques antiouvrières et en particulier sur les retraites. Mais pour cela, il ne faudra pas se contenter d'une manifestation il y a trois mois, d'actions dispersées aujourd'hui (parfois un simple débrayage de protestation de cinq minutes!) et d'une prochaine échéance prévue en mars, comme l'envisagent les syndicats.

Partager