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- Lutte ouvrière n°2006
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Dans les entreprises
Toray – Saint-Maurice-de- Beynost (Ain) : La direction a dû reculer sur les salaires
Après deux semaines de débrayages pendant la période des fêtes de fin d'année, les travailleurs de Toray ont obligé la direction à doubler l'augmentation générale des salaires pour l'année 2007.
Lors des négociations annuelles sur les salaires, dans cette usine de film plastique qui fonctionne 365jours par an, 24 heures sur 24, y compris pendant les fêtes, la direction ne proposait que 1% d'augmentation, après avoir même carrément affiché son intention de remplacer les augmentations générales par une prime. Pour tout le monde, c'était dérisoire, surtout après plusieurs années du même régime.
Chez Toray, la moitié des 430personnes travaillent en postes 5x8 ainsi qu'une partie des sous-traitants. Le 19décembre, une partie des postés ont décidé de débrayer 1h30 en fin de poste sur la revendication de 50euros par mois. Durant le week-end de Noël, ces débrayages trois fois par jour sont restés minoritaires, mais les plus déterminés ne se sont pas découragés. La production était perturbée, puisque des arrêts sur des lignes qui fonctionnent en continu ont rapidement des conséquences visibles.
Le 27 décembre, le directeur général est venu, dans chaque atelier et dans chaque équipe, brandir la menace du chômage technique si le travail ne reprenait pas. Mais ce chantage n'a réussi qu'à élargir la grève. Depuis des années, la direction utilise la menace de fermeture ou d'arrêt de certaines lignes au moindre prétexte. Cette fois-ci, nombre d'ouvriers voulaient voir si le patron était vraiment prêt à le faire.
Les débrayages ont donc continué durant le week-end du nouvel an, sans aucun chômage technique à l'horizon. Le moral des grévistes s'est renforcé, d'autant plus que les ouvriers d'une entreprise sous-traitante, GSFM, se souvenant de l'aide que nous leur avions apportée en 2003, ont à leur tour appelé à débrayer en soutien.
Le 4 janvier, la direction finissait par proposer une prime, mais maintenait son opposition totale aux augmentations générales. Elle en faisait un principe. Or, avec les grilles de salaires bloquées, les futurs embauchés se retrouveront bientôt tous au smic, ce qui est déjà le cas des intérimaires. Les patrons voudraient ainsi baisser la masse salariale. Sans parler des exonérations de charges dont ils profitent pour les salaires au smic.
En tout cas la prime n'a pas fait cesser les débrayages, au grand dam des chefs de service qui espéraient que 150euros suffiraient pour nous calmer.
Finalement, le vendredi 5 janvier, voyant que le nombre de débrayages ne baissait pas à l'approche du troisième week-end, la direction finissait pas céder sur le principe d'une augmentation générale de 30 euros en plus de la prime.
Les grévistes ont accepté, contents d'avoir fait reculer le patron et démontré que son chantage était de l'intox: il tient à sa production, à ses machines et il a besoin de nous pour les faire tourner. Et puis, c'était de bon augure pour préparer la suite. Car ce ne sont pas 30euros qui suffiront à régler le problème de nos salaires.