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- Lutte ouvrière n°2006
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Leur société
On ne devient pas sans-domicile par choix : Arrêter la machine à fabriquer des SDF!
Les dernières déclarations d'intentions du gouvernement annonçant la création de 27000 «nouvelles places», pour faire face à la mobilisation des SDF, n'ont provoqué l'enthousiasme ni des intéressés ni de ceux qui sont mobilisés sur ce sujet depuis des années.
Car si le gouvernement parle d'ouvrir les centres d'accueil pour SDF, dont certains seraient ouverts toute la journée comme cela lui était demandé, on est encore loin d'un traitement digne. Comment accepter d'être accueilli dans des dortoirs, dans la plus grande promiscuité?
Et puis non seulement il faudrait loger les SDF, mais il faudrait que la société cesse d'en fabriquer. La dernière étude de l'Insee d'octobre 2006 fait apparaître que le nombre de sans-domicile-fixe serait passé de 86000 en 2001 à 100000 aujourd'hui. L'Insee, comme la fondation Abbé Pierre, considère que les SDF représentent 10% des personnes en état d'hébergement très précaire, qui approchent, elles, le million de personnes.
Si tant de travailleurs craignent de se retrouver eux-mêmes SDF dans l'avenir, c'est qu'ils savent que cela peut être l'aboutissement de la détérioration de leur situation. Trois SDF sur dix sont des salariés, mais des salariés sous-payés faisant en moyenne moins de 32 heures par semaine; quatre sur dix sont des chômeurs inscrits à l'ANPE, dont la moitié sont au chômage depuis moins d'un an. Au total le revenu moyen des SDF tourne autour de 400 euros.
Alors il suffit de la perte d'un emploi, ou de changer d'emploi pour un autre emploi beaucoup moins payé, de la séparation de la cellule familiale ou du couple, pour rendre impossible de se loger correctement. La pénurie de logements à des prix abordables et la spéculation immobilière qui sévit rendent les logements de plus en plus inaccessibles.
Cette situation n'a rien à voir avec la fatalité, elle n'est que la conséquence de la véritable guerre menée par le patronat et les classes riches contre le monde du travail dans son ensemble. Si les ouvriers représentent la partie la plus importante des SDF, les employés et les cadres peuvent se retrouver également touchés. Car ce sont tous les travailleurs qui doivent subir des emplois sous-payés, parfois bien en deçà du smic, par le biais du temps partiel imposé ou des emplois temporaires qui, à force, n'ouvrent même plus droit à une quelconque indemnisation chômage.
Pour mettre fin à la situation de SDF et à l'habitat indigne, il ne faut pas seulement des mesures d'urgence. Il faut en finir avec cet appauvrissement continu du monde du travail. Il faut empêcher ces licenciements qui ne visent qu'à garantir des profits au patronat. Il faut en finir avec la précarité, et surtout imposer une revalorisation massive de tous les salaires afin que chacun puisse avoir les moyens de se loger. Quant à l'État, il devrait prendre en charge sans délai la construction de logements décents à prix coûtant.